vendredi 30 août 2013

Révélation sur l'attaque chimique du 21 aout!

Cet article est une collaboration entre le reporter Gavlak Dale (également correspondant de l'Associated Press) pour Mint Press News et Yahya Ababneh .

Ghouta , Syrie La mécanique d'une intervention militaire américaine en Syrie s'accélère suite à l'attaque aux armes chimiques de la semaine dernière. Mais les Etats-Unis et ses alliés ont peut-être cibler le mauvais coupable. C'est ce que semble nous apprendre des entretiens avec des personnes rencontrés à Damas et dans la Ghouta, une banlieue de la capitale syrienne, où Médecins sans frontières a indiqué qu'au moins 355 personnes avaient été tuées la semaine dernière du fait de ce qu'ils pensent être un agent neurotoxique.

Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France, ainsi que la Ligue arabe, ont accusé le régime du président syrien Bachar al-Assad de l'exécution de cette attaque à l'armes chimiques qui a essentiellement visé des civils. Des navires de guerre américains sont stationnés en mer Méditerranée prêt à lancer des frappes militaires contre la Syrie en punition de cette attaque massive d'armes chimiques. Les États-Unis et d'autres ne sont pas intéressés à l'examen de toute preuve contraire, le secrétaire d' Etat américain John Kerry affirmant lundi que la culpabilité d'Assad était « un jugement ... déjà clair pour tout le monde . "

Cependant, de nombreux entretiens avec des médecins, des résidents de la Ghouta, des combattants rebelles et leurs familles, offrent un tableau assez différent. Beaucoup d'entre-eux pensent que certains rebelles ont reçu des armes chimiques par l'intermédiaire du chef du renseignement saoudien, le prince Bandar bin Sultan, et qu'ils sont responsables de l'attaque au gaz.

"Mon fils est venu me voir il ya deux semaines, me demandant mon avis pour savoir ce qu’étaient les armes qu'on leur avait demandé d'utiliser", a déclaré Abou Abdel Moneim, le père d'un rebelle luttant pour déloger Assad, et qui vit dans la Ghouta. Abdel Moneim affirme que son fils et 12 autres rebelles sont morts à l'intérieur d'un tunnel utilisé pour stocker des armes fournies par un militant saoudien, connu sous le nom d'Abou Ayesha , qui dirigeait un bataillon de combat. Le père a décrit les armes comme ayant une «structure en forme de tube " tandis que d'autres étaient comme une "bouteille de gaz énorme. "Abdel Moneim dit que son fils et les autres sont morts lors de l'attaque d'armes chimiques. 
[…]
«On ne nous a pas dit ce que ces armes étaient ni comment les utiliser, se plaint une femme combattant nommée "K." Nous ne savions pas qu'il s'agissaient armes chimiques. Nous n'avions jamais imaginé que s'en étaient »."Quand le prince saoudien Bandar donne de telles armes à des gens , il doit les donner à ceux qui savent comment les manipuler et les utiliser", a-t-elle averti . Elle, comme d'autres Syriens, ne veulent pas donner leurs noms et prénoms par crainte de représailles.

Un chef rebelle bien connu dans la Ghouta nommé "J" est d'accord. " les militants de Jabhat al- Nusra ne coopèrent pas avec les autres rebelles , à l'exception des combats sur le terrain . Ils ne partagent pas les informations secrètes . Ils ont simplement utilisé des rebelles quelconques pour transporter et pour utiliser ce matériel ", affirme-t-il . «Nous étions très curieux au sujet de ces armes. Et malheureusement, certains combattants les ont manipulées de façon inappropriée et ont déclenché les explosions " , a déclaré "J ".

[...]

mercredi 28 août 2013

Syrie : "Les attaques chimiques sont un coup monté"

En exil depuis 35 ans, l’opposant Haytham Manna, responsable à l’étranger du Comité de Coordination nationale pour le changement démocratique (opposition syrienne non armée), s’oppose avec force à toute intervention étrangère contre son pays. 


Haytham Manna © Reuters
L’utilisation d’armes chimiques en Syrie pourrait amener les Occidentaux à "punir" le régime. Qu’en pensez-vous ?
HAYTHAM MANNA : Je suis totalement contre, tout comme la coordination que je dirige. Cela ne fera que renforcer le régime. Ensuite, une intervention risque d'attiser encore plus la violence, d'ajouter de la destruction à la destruction et de démanteler un peu plus la capacité de dialogue politique. Le régime est le premier responsable car il a choisi l’option militaro-sécuritaire. Mais comment peut-on parler de guerre contre le terrorisme et donner un coup de main à des extrémistes affiliés à Al Qaeda ?

Les Occidentaux choisissent la mauvaise option, selon vous ? 
Depuis le début, c’est une succession d’erreurs politiques. Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont poussé les parties à se radicaliser. Ils n’ont pas empêché le départ de djihadistes vers la Syrie et ont attendu très longtemps avant d’évoquer ce phénomène. Où est la démocratie dans tout ce projet qui vise la destruction de la Syrie ? Et pensez-vous que ce soit la morale qui les guide ? Lors du massacre d’Halabja [commis par les forces de Saddam Hussein en 1988], ils ont fermé les yeux. Je m’étonne aussi de voir que les victimes d’armes chimiques sont bien davantage prises en considération que les 100 000 morts qu’on a déjà dénombrés depuis le début du conflit.
Qui est responsable du dernier massacre à l’arme chimique ? 
Je n’ai pas encore de certitude mais nos informations ne concordent pas avec celles du président Hollande. On parle de milliers de victimes, alors que nous disposons d’une liste de moins de 500 noms. On est donc dans la propagande, la guerre psychologique, et certainement pas dans la vérité. Ensuite, les armes chimiques utilisées étaient artisanales. Vous pensez vraiment que l’armée loyaliste, surmilitarisée, a besoin de cela ? Enfin, des vidéos et des photos ont été mises sur Internet avant le début des attaques. Or ce matériel sert de preuve pour les Américains !

Pensez-vous qu’une partie au conflit a voulu provoquer les Occidentaux à intervenir ?

C’est un coup monté. On sait que les armes chimiques ont déjà été utilisées par Al Qaeda. Or l’Armée syrienne libre et les groupes liés à Al Qaeda mènent en commun 80% de leurs opérations au nord. Il y a un mois, Ahmad Jarba [qui coordonne l’opposition armée] prétendait qu’il allait changer le rapport de forces sur le terrain. Or c’est l’inverse qui s’est produit, l’armée loyaliste a repris du terrain. Seule une intervention directe pourrait donc aider les rebelles à s’en sortir… Alors, attendons. Si c’est Al Qaeda le responsable, il faudra le dire haut et fort. Si c’est le régime, il faudra obtenir une résolution à l’ONU. Et ne pas laisser deux ou trois payer fédérer leurs amis, pas tous recommandables d’ailleurs.

Entre Occidentaux et Russes, quelle position vous semble la plus cohérente ?

Les Russes sont les plus cohérents car ils travaillent sérieusement pour les négociations de Genève 2 [sensées mettre autour d’une même table le régime et les opposants]. Les Américains ont triché. Deux ou trois fois, ils se sont retirés, au moment où s’opérait un rapprochement.
Une solution politique est-elle encore possible ?
Tout est possible mais cela dépendra surtout des Américains. Les Français se contentent de suivre. Une solution politique est la seule qui permettra de sauver la Syrie. Mais l’opposition armée ne parvient pas à se mettre d’accord sur une délégation.

Que deviendra Bachar al Assad?Il ne va pas rester. Si les négociations aboutissent, elles mèneront de facto à un régime parlementaire. Si du moins on accepte de respecter le texte de base de Genève 2 qui est le meilleur texte, avec par-dessus un compromis international. Mais laissez-moi dire ceci : quand on parle de massacrer des minorités, et que le président fait partie d’une minorité, comment peut-on lui demander de se retirer ou ne pas se retirer ? Aujourd’hui, la politique occidentale a renforcé sa position de défenseur de l’unité syrienne et des minorités. Cela dit, personne ne pourra revendiquer de victoire : la violence est devenue tellement aveugle qu’il faudrait vraiment un front élargi de l’opposition et du régime pour en venir à bout.
François Janne d’Othée, mardi 27 août 2013:  Le vif.be 

mardi 27 août 2013

L'odeur de napalm...

un billet de l'excellent Nidal sur son blog:
Natalie Nougayrède, « Journaliste au Monde », nous livre un très émouvant appel à bombarder la Syrie « de manière précise, ponctuelle et ciblée ». Moi aussi, j’adore respirer l’odeur du napalm au petit matin. Syrie : le crime de trop appelle une riposte
http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2013/08/26/syrie-le-crime-de-trop-appelle-une-riposte_3466412_3208.html
Agir de manière précise, ponctuelle et ciblée ne reviendrait pas à se précipiter dans un aventurisme militaire occidental. Mais à condition de bien anticiper la suite. L’heure de vérité sonnerait alors pour la diplomatie russe, qui pourrait difficilement se permettre de répliquer contre des navires américains. Ce serait marquer, par l’action, une limite indépassable à la violation des principes les plus intangibles sur lesquels se fondent la communauté des nations et la sécurité internationale. Ce crime de trop appelle une réponse claire et déterminée.