Réception des ambassadeur vénitiens à Damas, Musée du Louvre Paris |
FACE AU CHAOS SYRIEN : L'EFFONDREMENT
DE LA CONSCIENCE POLITIQUE ARABE
Khaled Satour
Cela fait des mois que je m'intéresse à la position prise par
l'intelligentsia arabe et particulièrement syrienne à propos des événements de Syrie. Sur une vidéo
mise en circulation sur Internet, j'ai entendu l'un des plus illustres
opposants à Bachar El Assad, Michel Kilo, déclarer que les intellectuels
syriens étaient "pour la révolution". Ce que mes propres observations
tendent à confirmer car j'ai suivi avec toute la constance possible, à travers
la presse arabe où ils s'expriment le plus volontiers, leurs prises de position
et leurs analyses. Il m'est arrivé d'en conclure que, si la parole qu'ils
exprimaient et leur conception de l'opposition au régime de Damas qu'ils
préconisaient avaient la pertinence patriotique qu'ils leur attribuaient, c'est
que j'étais démuni de certaines composantes du logiciel politique approprié,
qu'eux-mêmes n'ont pas manqué, tous, de recevoir en partage. J'ai aussi parfois
mis mon incapacité à comprendre sur le compte de la complexité des données de
cette région du monde arabe où
s'entremêlent tant d'intérêts et d'influences.
Mais j'ai résolu pour finir de risquer un certain nombre
d'observations. Car la situation est telle que la seule vérité indiscutable est
que la Syrie, peuple, nation et Etat – et pas seulement le régime qui la
gouverne de moins en moins – fait l'objet d'une agression étrangère multiforme
destinée à l'anéantir. Cette agression ne diffère de l'entreprise lancée en
2003 contre l'Irak et en 2011 contre la Libye que par deux faux-semblants : la
préexistence d'une prétendue révolution populaire pacifique qui aurait duré un
an et l'échec fait à une intervention militaire de l'OTAN.
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UNE "REVOLUTION" PRIVEE DE DIRECTION POLITIQUE?
Il faudrait donc en bonne logique requalifier les faits qui se
déroulent en Syrie. Si jamais une révolution populaire a bel et bien commencé
dans ce pays en mars 2011, qu'en reste-t-il à l'heure des combats menés par des
djihadistes de tous poils, par les groupes qu'ont acheminés de Libye et
d'ailleurs les monarchies du Golfe, par les services secrets et les forces
spéciales occidentales? Et c'est de
l'opposition et de l'intelligentsia syriennes que devrait venir une réponse.
Peuvent-elles persister à ne se définir que comme l'opposition au régime, au
mépris de leur devoir patriotique? Pour les branches qui refusaient l'ingérence
militaire, la priorité n'est-elle pas aujourd'hui de dire non à l'invasion
armée étrangère qui, pour n'avoir pu se matérialiser sous la forme de
bombardements de l'OTAN, n'en menace pas moins l'existence souveraine et unie
du pays? Force est de constater que non : l'opposition continue à
conceptualiserpar une démarche voulue unitaire une transition
illusoire dont les données et les perspectives lui échappent totalement.
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