mercredi 20 février 2008

Fidel laisse le pouvoir pour continuer le combat

La nouvelle du renoncement de Fidel à ses fonctions de Président du Conseil d’Etat et de Commandant en chef de la révolution a donné lieu à toutes les spéculations habituelles des médias. Pourtant, une fois de plus, Fidel ne fait que ce qu’il a dit depuis toujours : « le jour où je n’aurais plus la capacité de gouverner je quitterai le pouvoir. »

Rarement quelqu’un aura manifesté dans l’exercice des plus hautes charges de l’Etat un tel sens de ses responsabilités, une telle abnégation, un tel oubli de lui-même. Il s’est pendant plus de quarante ans identifié à son peuple. L’image que l’on peut conserver de lui c’est celle de cet homme allant dans les zones les plus perilleuses des cyclones comme pour veiller sur le destin de son île balayée par les tempêtes.

Il a fallu force, courage, détermination pour affronter toutes les tempêtes, mais il a fallu aussi cette immense patience sans laquelle on ne peut être attentif aux humbles, refuser le despotisme du pouvoir, et sutout il lui a fallu cette foi en l’être humain qu’il partageait avec le Che. Jamais exercice du pouvoir fut moins cynique ce qui le rendait encore plus lucide, plus prévoyant.
Cuba est vraiment un monde particulier, celui où peuvent se mêler s’unir ce qui ailleurs divise, celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas, l’orthodoxe et le trotskiste, le communiste et l’altermondialiste, et la volonté, l’optimisme même de Fidel Castro a beaucoup joué dans ce syncrétisme révolutionnaire.

Quel meilleur exemple que cette capacité dès l’origine de la Révolution de savoir s’entourer de compagnons, d’égaux tout en demeurant le leader incontesté, le contraire du bureaucrate, ou du leader paranoïaque qui ne peut tolérer que la médiocrité ? Y a-t-il un autre exemple dans l’histoire de deux frères vivant côte à côte sans que jamais intervienne la moindre crise ? Pour cela il fallait deux révolutionnaires, deux hommes privilegiant le but sur leur propre ego.

La transition se passe là encore en douceur grâce à cette union, elle est déjà là, forgée dans cette année 2007. Fidel, alors même qu’il est à deux doigts de la mort à la fin juillet 2006, prend la peine de mettre en place tout ce qui est prévu de longue date, il peut compter sur son frère, ses vieux compagnons, mais aussi toute la génération de jeunes qui tiennent déjà les rènes de l’Etat. Et le peuple se conduit de la même manière, digne, tranquille.

Alors depuis tant d’années que le monde occidental se pose la même question : que va-t-il advenir du socialisme cubain ? La réponse a été donnée hier par une des plus vieilles crapules étasunienne, John negreponte, le tortionnaire du viet nam, celui du Nicaragua et celui de l’Iraq, celui qui poursuit de sa haine Fidel Castro : « nous ne desserrerons pas le blocus ! » La réponse a été donnée par tous ces médias haineux qui ont continué à vomir sur une des légendes entrée vivante dans l’histoire, sur Fidel le titan cubain, ils n’ont accordé ni à Fidel castro, ni a Cuba socialiste le moindre répit : ils savent bien que le socialisme cubain continue parce qu’il se confond avec l’indépendance, la souveraineté de Cuba.
La souveraineté, la maîtrise sur soi-même comme sur son environnement, voilà ce qui peut caractériser Fidel, il n’a cessé de s’exercer physiquement, moralement, intellectuellement à l’accomplissement de sa tâche, mais ce faisant ce n’était pas de lui qu’il s’agissait mais de son peuple, il s’agissait de le faire accéder à la pleine souveraineté, à l’exercice adulte de l’indépendance et de la démocratie, à un socialisme en pleine croissance, un enfant encore dans les langes sur lequel il faut veiller. Aujourd’hui fidel peut se retirer et se consacrer à l’étude, au débat idéologique qu’il a toujours privilégié puisque comme le dit josé marti tranchée d’idées vallent mieux que tranchée de pierre.

Alors il ne reste plus qu’une chose à dire : quand Fidel et ses compagnons, parmi lesquels déjà Raul, fait la Révolution, Cuba est une colonie des Etats-Unis, ses dirigeants lui sont imposées, le trésorier de la mafia réside à Cuba qui est un gigantesque tripot et un bordel. Quand Fidel quitte le pouvoir, l’île est souveraine, ce qui arrivera dépend des Cubains et d’eux seuls. Le bilan d’une vie et d’un combat qui se poursuit sous d’autres formes.

Danielle Bleitrach*

Danielle Bleitrach est sociologue, universitaire, écrivain, auteur d’une quinzaine de livres dont trois sur Cuba, le dernier écrit avec J.F.Bonaldi, avec la collaboration de Nicole Amphoux : « Cuba, Fidel et le Che ou l’aventure du socialisme » est une analyse des origines à nos jours de l’épopée de la Révolution cubaine et de son influence mondiale à travers la figure exemplaire de Fidel Castro et de ses compagnons.

Pris sur le site : changement de société

vendredi 15 février 2008

"Cher Veltroni, cher Bertinotti chers dirigeants du centre gauche..."

Depuis quelques semaines un climat nauséabond (qui n'a rien à voir avec le scandale des ordures de Naples) se répond en Italie en particulier contre les droits des femmes. Cette campagne a été lancé par Giuliano Ferrarra, le directeur du quotidien de droite Il Foglio (et ancien dirigeant des Jeunesses communistes dans les années 60/70, puis ancien socialiste craxien passé, comme beaucoup, du côté de Berlusconi...) a lancé une campagne demandant un "moratoire sur l'avortement", sur le modèle du moratoire sur la peine de mort adopté par l'ONU en décembre à l'instigation du gouvernement Prodi. Cette campagne "prolife" a été soutenu à plusieurs reprise par l'Église catholique, depuis peu par Berlusconi lui même et, malheureusement, par quelques dirigeants du Centre gauche issus du courant catholique. Les dirigeant du Centre gauche et de la Gauche a priori laïc se distinguent par la faiblesse de leurs réactions.

Le journal Micro mega vient de lancer une pétition interpelant les dirigeants de gauche à ce sujet et qui en quelques heures a déjà rassemblé plusieurs milliers de signatures.

Voici le texte de cet appel traduit et diffusé en France par l'association "Cercle 25 avril":

« Cher Veltroni, cher Bertinotti chers dirigeants du centre gauche, Ca suffit!"

L’offensive cléricale contre les femmes – souvent une véritable croisade bigote – a atteint des niveaux intolérables (suite aux moratoire sur l’avortement proposés par le journal de droite Il Foglio et reprise par les milieux catholiques et par Berlusconi NDT). Mais est également intolérable le manque de réaction des formations du Centre gauche qui apparaît souvent comme de la condescendance, avec la proposition obscène de « moratoire, sur l’avortement » qui traite les femmes comme des meurtrières et des bourreaux, ainsi que la récente injonction (des obstétriciens des hôpitaux romains NDT) de ranimer des fétus ultra prématurés y compris contre la volonté de la mère ( malgré la quasi certitude de malformation très graves). Les corps des femmes sont redevenus des choses, terrain d’affrontement pour le fanatisme religieux, objet sur lesquels exercer le pouvoir. Le 24 novembre dernier 100 000 femmes –complètement auto organisées – ont remplis les rues de Rome pour dénoncer la violence exercé sur les femmes par une culture patriarcale qui a du mal à mourir. Ces agressions cléricales et bigotes sont les dernières, et les plus sournoises, formes d’une même violence, masquée par l’arrogance hypocrites de la « défense de la vie ». Il ne suffit plus, cher dirigeant du centre gauche, de se limiter à dire que "la loi 194 on y touche pas!". Celle-ci est déjà remise en cause dans les faits. Nous exigeons de votre part une position claire et sans appel, qui condamne sans hésitation toutes les tentatives – de quelques chaires elles proviennent – de mettre en danger l’autodétermination des femmes si durement acquise : notre droit à dire le premier et le dernier mot sur notre corps et sur nos grossesses.

Nous exigeons donc que nos programme (pour qu’ils soient aussi les nôtres) soient explicite : si la loi 194 a besoin d’une révision, c’est celle d’éliminer l’objection de conscience, qui empêche toujours plus dans les faits d’exercer notre droit. La pilule RU 486 doit être rendue immédiatement disponible dans toute l’Italie, pour que à un drame ne s’ajoute pas une souffrance désormais évitable. Il faut rendre simple et rapide l’accès à la pilule du lendemain après et avec une série de campagne de contraception dès le collège. Il faut introduire l’enseignement de l’éducation sexuelle dès l’école primaire. Doivent être réalisés des programmes culturels et sociaux en soutient aux femmes immigrés, renforcer les normes et les services de tutelle de la maternité (dans le cadre d’une politique capable d’éradiquer la plaie du travail précaire).

Ce sont pour nous des valeurs non négociables et sur lesquelles nous ne sommes pas disposées à faire des compromis. »

Premières signataires:
Simona Argentieri, Natalia Aspesi, Adriana Cavarero, Isabella Ferrari, Sabina Guzzanti, Margherita Hack, Fiorella Mannoia, Dacia Maraini, Alda Merini, Valeria Parrella, Lidia Ravera, Elisabetta Visalberghi

Pour signer l’appel : www.firmiamo.it/liberadonna

Pour contacter l’association 25 avril : cercle25avril@yahoo.fr

mercredi 6 février 2008

Liquidation...

Giorgio Napolitano, le président de la République italienne, a du s’y résoudre : ses compatriotes vont retourner aux urnes en avril. Et se profile une victoire de la droite conduite par Silvio Berlusconi. Ce ne sont pas les sondages (très mauvais pour le centre gauche), le bilan catastrophique du gouvernement Prodi (d’un point de vue de gauche… la commission européenne était très satisfaite…) qui rendent cette perspective certaine. Non, la victoire de la droite est déjà acquise du fait de la décision du Parti Démocrate de partir seul aux élections, c'est-à-dire sans les verts, les communistes, les démocrates de gauches, et sans les petits partis socialistes et centristes. L’arrogance avec laquelle le nouveau parti traitait ses partenaires gouvernementaux, qui ne sont pas que des groupuscules, avait sans doute déjà précipité la chute de Romano Prodi, elle rend toute perspective de barrer la route à Berlusconi improbable.

Le projet du parti Démocrate est un projet d’éradication de la gauche. Et toutes les tentatives de constitution d'un gouvernement "technique" et de préalable du changement de loi électorale avant de nouvelles élections, était un des éléments majeur de cet objectif. Cette perspective s'appuyait sur l'organisation, prévu originellement en avril mai, d'un référendum "d'initiative populaire" réformant la loi électorale : cela aurait permis d'instaurer un système encore plus anti-démocratique que celui mis en place par Mussolini : avec moins de 30% des voix (les sondages donnent 28% à Berlusconi et 27% au PD) le parti arrivé en tête remporte la majorité et gagne seul. Il s’agit bien d’une machine à éradiquer les petits partis et en particuliers les communistes (Mais aussi les verts, les centristes, et les socialistes…)

L’autre nouvelle, qui n’est pas secondaire, c'est que va peut être disparaitre, pour la première fois à des élections depuis la Libération, le symbole de la faucille et du marteau au profit d'un symbole unique sous lequel se présenterait devant les électeurs les composantes de la nouvelle "Gauche Arc en Ciel". Et les dirigeants du PRC annoncent même la constitution d'un nouveau sujet politique autour de la Cosa rossa, de la gauche Arc en Ciel, dépassant les organisations singulières. Une remise des cartes de la nouvelle organisation pourrait, selon les déclaration du bientôt ex président de la chambre Fausto Bertinotti, commencer rapidement . Pietro Follena, leader de la gauche européenne, a lancé avec 70 associations et réseaux locaux, une série d'initiatives avec comme point fort une campagne de remise des cartes "Nous lançons la remise des cartes d'un parti qui n'existe pas encore, nous allons de l'avant..." a déclaré Follena qui lance un premier rendez de cette campagne dimanche prochain à Rome place Campo di Fiori.

La recomposition s'accère donc avec l'approche des élections anticipées. Mais cette nouvelle organisation, qu'on décrit emphatiquement émergeant de la base et si démocratique, commence en fait par un véritable coup d'état au sein de sa principale composante, Rifondazione Comunista. Hors de toute norme statutaire, le secrétariat du parti, après avoir déjà renvoyé le congrès prévu début 2008, décide de la dissolution de fait du PRC dans la nouvelle organisation. Plus grave sans doute encore, se profile, de manière encore plus radicale que lors de la disparition du PCI, la disparition de toute organisation communiste autonome...

On comprend la révolte de nombreux communistes (aux PDCI, l'autre parti communiste, la perspective de disparition de la référence communiste ne passe pas non plus facilement...). Arriveront-il à permettre le maintient d'un courant communiste autonome en Italie? C'est, sans doute, plus que le retour annoncé de la droite au pouvoir, ce qui doit interroger les progressistes, pas seulement en Italie, ceux qui pensent qu'un au delà le capitalisme est possible.

Caius Gracchus

Illustration : symbole électorale du PSI en 1946... comme quoi la faucille et le marteau ne sont pas des symboles du seul courant communiste...

vendredi 1 février 2008

Le parole sono importanti

Palombella Rossa...

"COMPLAINTE POUR IGNACIO SANCHEZ MEJIAS" , Garcia Lorca

LE COUP DE CORNE ET LA MORT
A cinq heures du soir
Il était juste cinq heures du soir.

Un enfant apporta le blanc linceul
à cinq heures du soir.
Le panier de chaux déjà prêt
à cinq heures du soir.
Et le reste n'était que mort,rien que mort
à cinq heures du soir.
Le vent chassa la charpie
à cinq heures du soir.
Et l'oxyde sema cristal et nickel
à cinq heures du soir.
Déjà luttent la colombe et le léopard
à cinq heures du soir.
Et la cuisse avec la corne désolée
à cinq heures du soir.
Le glas commença à sonner
à cinq heures du soir
Les cloches d'arsenic et la fumée
à cinq heures du soir
Dans les recoins, des groupes de silence
à cinq heures du soir.
Et le taureau seul, le coeur offert!
à cinq heures du soir.
Quand vint la sueur de neige
à cinq heures du soir,
quand l'arène se couvrit d'iode
à cinq heures du soir,
la mort déposa ses oeufs dans la blessure
à cinq heures du soir.
A cinq heures du soir.
Juste à cinq heures du soir.
Un cercueil à roues pour couche
à cinq heures du soir.
Flûtes et ossements sonnent à ses oreilles
à cinq heures du soir.
Déjà le taureau mugissait contre son front
à cinq heures du soir
La chambre s'irisait d'agonie
à cinq heures du soir
Déjà au loin s'approche la gangrène
à cinq heures du soir.
Trompe d'iris sur l'aine qui verdit
à cinq heures du soir
Les plaies brûlaient comme des soleils
à cinq heures du soir
et la foule brisait les fenêtres
à cinq heures du soir.
A cinq heures du soir
Aïe, quelles terribles cinq heures du soir!
Il était cinq heures à toutes les horloges.
Il était cinq heures à l'ombre du soir!

La première partie du poème qu'on peut retrouver en entier et magnifiquement illustré sur une page présentant 69 images pour LA COMPLAINTE POUR IGNACIO SANCHEZ MEJIAS par AUGUST PUIG

Ce message est inspiré par un débat sur la corrida (vous pouvez voir et )