dimanche 27 janvier 2008

Prodi, Veltroni, Berlusconi et... Attali

Le gouvernement Prodi est tombé...
Pas du fait d'une révolte de quelques sénateurs de gauches protestants contre les reniements de la majorité, pas du fait du scandale des ordure à Naples, mais de la défection de deux groupuscule centriste et de l'inculpation du ministre de la justice Clemente Mastella, leader d'un des deux partis défaillants.
Comme l'écrivait hier Il Manifesto : "Prodi est parti et Berlusconi n'est pas encore là : savourons ce moment".
Et réfléchissons pendant cet interrègne...

Il y aurait beaucoup à dire sur le bilan désastreux de ce "centre gauche", sur les renoncement des communistes, sur le jeux dangereux de Veltroni président du nouveau Parti Démocrate... Pourtant Le Monde de vendredi a trouvé l'explication en titrant : Un Pays immobile et divisé, alors que le reste du monde a changé". L'auteur de l'article Jean-Jacques Bozonnet s'appuie sur un constat imparable : "La croissance économique, qui était de 5,8 % dans les années 1960, puis de 3,8 % en 1970-1980, est tombée à 1,6 % dans les années 1990 pour stagner à moins de 1 % depuis 2000. La reprise conjoncturelle constatée, ces deux dernières années, a été la plus faible de la zone euro, et la crise financière naissante n'augure rien de bon." Et Le Monde de faire sien le jugement de l'hebdomadaire italien L'Espresso qui écrit : "Notre pays, avec ses clientélismes, sa corruption, l'inefficacité de son appareil public, l'évasion fiscale, etc., est resté exactement le même. C'est le reste du monde qui a changé, sans que la classe politique s'en aperçoive. "
Pourtant ce jugement est faux. Loin d'être "immobile" l'Italie, depuis plus de 10 ans, subie réforme sur réforme et est en fait un véritable laboratoire du libéralisme et de la remise en cause du compromis d'après guerre.

Et cette rupture dont se réclame le président français et sa majorité est en oeuvre, et avec quelle brutalité en Italie. Et les mesures contenue dans le rapport Attali, celles dont l'aréopage de patrons et d'autre intellectuels organique à la bourgeoisie promettent quelle vont "doper" la croissance, et bien l'Italie les met en oeuvre sans faiblir, que la majorité soit de droite ou de gauche :
La libéralisation du marché du travail? elle est si bien avancée qu'aujourd'hui avoir un contrat stable pour un jeune est impossible, quand il n'est pas embauché au noir. Et pas besoin d'aller à Naples pour le constater : à Rome, à la bibliothèque nationale, la personne qui est derrière le comptoir, celle qui apportent les livres commandés, ou qui vous aident à consulter la base informatique, et bien il est fort possible que celle-ci soit employée au noir.
Pire, aujourd'hui si vous travaillez dans une usine sidérurgique du groupe Thyssen, à Turin pas à Naples, vous prenez le risque d'être brulé vif, comme les 7 ouvriers morts à la fin de cette année... Dans les journaux, pas un jour sans que l'on ne rapporte de nouveaux morts au travail... Pas seulement dans le Sud, non partout : à Rome, à Milan, à Venise à Trente, dans la riche Italie du Nord Est comme la pauvre, toujours plus pauvre, Italie du Sud...
L'autonomie des Universités est mise en place par la loi Moratti... et Berlusconi donnait comme programme aux école : Informatique et Anglais, comme le rapport Attali qui y ajoute la propagande promarché...
La dérèglementation des profession libérales, pharmaciens, taxi etc. : mise en œuvre par Prodi avec des effets indéniables sur la croissance comme on le voit...
La remise en cause du statut de la fonction publique? là encore l'Italie a une longueur d'avance : la majorité des fonctionnaires dépendent maintenant d'un contrat de droit privé... dommage que les deux italiens présents dans la commission Attali n'est pas fait un bilan de ces mesures... Réforme des retraites? fait! Libéralisation du marchés de l'électricité? fait Des ordures? Fait! Et la Camora profite à plein de la libéralisation... Il y aurait aussi beaucoup à dire sur le rôle néfaste de l'euro sur la compétitivité italienne...
Quant au réforme institutionnelles : scrutin majoritaire partout, élection directe des présidents de régions, de provinces, des maires etc. quel effet sur l'efficacité et la croissance en effet...

Et si nous ne suivions pas l'exemple de l'Italie dans son rôle de poisson pilote du libéralisme?

Caius

Illustration : Francesco Gioli (1846-1922) "Le boscaiole di San Rossore" 1887

samedi 26 janvier 2008

LE PARADOXE ERRANT par Eduardo galeano

Chaque jour, en lisant les journaux, je suis un cours d’Histoire.
Les journaux m’instruisent avec ce qu’ils rapportent et avec ce qu’ils taisent.
L’Histoire est un paradoxe errant. La contradiction met ses jambes en mouvement. C’est peut-être pour cela que ses silences en disent plus long que ses paroles et, souvent, ses paroles révèlent, en mentant, la vérité.
Dans quelque temps paraîtra un livre que je viens d’écrire et qui a pour titre « Miroirs ». C’est en quelque sorte une Histoire Universelle, pardonnez mon audace. « Je peux résister à tout sauf à la tentation » a dit Oscar Wilde et j’avoue avoir succombé à la tentation de raconter quelques épisodes de l’aventure humaine dans ce monde du point de vue de ceux qui ne sont pas sur la photo.
Pour ainsi dire il s’agit de faits fort peu connus.
Je vous en résume quelques uns, juste quelques uns.
(...)
La reine Victoria, cette reine narcotrafiquante, avait imposé l’opium à coups de canon. La Chine fut transformée en une nation de drogués au nom de la liberté, de la liberté du commerce.
(...)
El Aleijadinho, l’homme le plus laid du Brésil, créa les plus belles sculptures de l’ère coloniale américaine.
Le livre des voyages de Marc Polo, aventure de la liberté, fut écrit dans la prison de Gènes.
Don Quichotte de la Manche, cette autre aventure de la liberté, est né dans une prison de Séville.
Ils étaient petits-fils d’esclaves, ces noirs qui inventèrent le jazz, la plus libre des musiques.
Un des plus grands guitaristes de jazz, le gitan Django Reinhardt, n’avait que deux doigts à sa main gauche.
Le grand maître de la cuisine française, Grimod de la Reynière, n’avait pas de mains. C’est avec deux crochets qu’il écrivait, qu’il cuisinait et qu’il mangeait.

Pour lire ce texte en entier de ce grand poête qu'est Eduardo Galeano vous pouvez passer sur le blog de Michel Collon

illustration :
Antônio Francisco Lisboa dit Aleijadinho (1738-1814) Christ en croix bois peint

mercredi 23 janvier 2008

Les Grenouilles qui demandent un Roi

Les grenouilles se lassant
De l'état démocratique,
Par leurs clameurs firent tant
Que Jupin les soumit au pouvoir monarchique.
Il leur tomba du ciel un roi tout pacifique:
Ce roi fit toutefois un tel bruit en tombant,
Que la gent marécageuse,
Gent fort sotte et fort peureuse,
S'alla cacher sous les eaux,
Dans les joncs, les roseaux,
Dans les trous du marécage,
Sans oser de longtemps regarder au visage
Celui qu'elles croyaient être un géant nouveau.
Or c'était un soliveau,
De qui la gravité fit peur à la première
Qui, de le voir s'aventurant,
Osa bien quitter sa tanière.
Elle approcha, mais en tremblant;
Une autre la suivit, une autre en fit autant:
Il en vint une fourmilière;
Et leur troupe à la fin se rendit familière
Jusqu'à sauter sur l'épaule du roi.
Le bon sire le souffre et se tient toujours coi.
Jupin en a bientôt la cervelle rompue:
«Donnez-nous, dit ce peuple, un roi qui se remue.»
Le monarque des dieux leur envoie une grue,
Qui les croque, qui les tue,
Qui les gobe à son plaisir;
Et grenouilles de se plaindre.
Et Jupin de leur dire:« Eh quoi? votre désir
A ses lois croit-il nous astreindre?
Vous avez dû premièrement
Garder votre gouvernement;
Mais, ne l'ayant pas fait, il vous devait suffire
Que votre premier roi fut débonnaire et doux
De celui-ci contentez-vous,
De peur d'en rencontrer un pire.»

La Fontaine Livre III - Fable 4

lundi 21 janvier 2008

Catastrophe humaine à Gaza

Ziad Medoukh
Bonjour de Gaza
Je profite de ma présence à l’université où nous avons le droit à deux heures d’électricité par jour-l’éducation est un élément sacré en Palestine- pour vous envoyer ce bref message
La situation est catastrophique dans la Bande de Gaza sur tous les niveaux ; depuis hier soir toute la Bande de Gaza est plongée dans le noir ;toutes les frontières sont fermées par ordre militaire israélien ;rien n’entre à Gaza ;il y a un manque de tous les éléments de base pour une vie normale :carburants ;médicaments ;produits alimentaires ;électricité ;eau ;……….
La vie est morte à Gaza ;à part les universités et les hôpitaux ; tout est fermé à Gaza ;personne ne se rend au travail ;les rues sont presque vides
S’ajoute à tout cela les attaques et les bombardements israéliens qui font des morts et des blessés.
Si cette situation va continuer ;le pire attend les citoyens de Gaza déjà enfermés et encerclés dans leur prison ;des malades vont mourir et des dégâts très graves dans le domaine de la santé et de l’environnement .
Un appel avant tout à la conscience internationale :sauvez Gaza ;sauvez les habitants de Gaza ;sauvez les malades de Gaza ;sauvez les enfants de Gaza ;sauvez l’espoir de Gazaouis
Devant cette catastrophe humaine ;et devant la complicité de beaucoup de pays voir le silence international ;il ne reste à Gaza que deux choses essentielles :la patience et les espérances
Amitiés de Gaza la résistante
Ziad

dimanche 20 janvier 2008

La Môme : Godard - ferrat - Anna Karina

Un extrait du film "vivre sa vie"de jean Luc Godard : la chanson "la môme" de Jean Ferrat sur le sublime visage d'Anna Karina : un pur joyau...






jeudi 17 janvier 2008

samedi 12 janvier 2008

Politiques, entreprises et Camorra à l'origine de la peste par Roberto Saviano

Voici un article accusateur de Roberto Saviano, l'auteur de Gomorra, sur la crise des déchets à Naples, sur l'empoisonnement et sur la montée des cancer en Campanie. Paru sur le site de l'Ernesto le 8 janvier.

C'est un territoire qui ne sort pas de la nuit. Et qui ne trouvera pas de solution. Ce qui est en train d'arriver est grave, parce les droits les plus simples deviennent extraordinaires: celui d’avoir une rue accessible, de respirer l’air en marchant, de vivre avec l’espoirs d’une vie dans la moyenne d'un pays européen. Vivre sans avoir l'obsession d'émigrer ou de s'enrôler.

C’est une nuit sombre celle qui tomba sur ces terres, parce que mourir rongé par le cancer devient quelque chose qui ressemble à une destinée partagée et inévitable, comme de naître et de mourir. Parce que celui qui l'administre continue à parler de culture et de démocratie électorale, comètes plus vaines que celles des discussions byzantines. Et celui qui est dans l'opposition semble dévoré par la terreur de ne pas participer aux affaires plutôt qu'être intéressé à en modifier les mécanismes.

On meurt d’une peste silencieuse qui prend naissance dans ton corps et qui te mène, pour finir, dans les départements d’oncologie de toute l’Italie. Les dernières données publiées par l’Organisation mondiale de la Santé montrent que la situation de la Campanie est incroyable, ils parlent d’une augmentation vertigineuse des pathologies cancéreuses. Pancréas, poumons, canaux biliaires, plus de 12% au-dessus de la moyenne nationale. La revue médicale The Lancet Oncology déjà en septembre 2004 parlait d’une augmentation de 24% des tumeurs au foie dans les territoires des décharges et les femmes sont les premières touchées. Il vaut la peine de rappeler que le chiffre dans les zones les plus à risques de l’Italie du Nord est en hausse de 14%.

Mais peut-être ces événements arrivent-ils dans un autre pays. Parce que celui qui gouverne et celui qui est dans l'opposition, ceux qui racontent et qui discutent, ceux-ci vivent dans un autre pays. Parce que s'ils vivaient dans ce pays, il serait impensable qu’ils s'aperçoivent de tout cela uniquement quand les rues sont pleines d'ordures.

C’est seulement dans un autre pays peut-être, qu’il aurait pu arriver que le président de la Commission des Affaires Générales de la Région la Campanie soit le propriétaire d'une entreprise - l'Ecocampania – qui recueillait des ordures dans tous les coins de la région et au-delà, et qui n'avait pas le certificat antimafia.

Pourtant ce n’est pas dans un autre pays que les ordures sont un business énorme. Elles rapportent à tous: c'est une ressource pour les entreprises, pour la politique, pour les clans, une ressource payée par les corps écrasés et les terres empoisonnées. Ils rapportent aux entreprises de collecte : aujourd'hui les entreprises campaniennes de ramassage d’ordures sont parmi les meilleurs en Italie et sont vraiment capables de se confronter avec les plus importants groupes de ramassage d’ordures dans le monde. (…)

Si on va en Ligurie ou au Piémont nombreuses de ces activités sont gérées par des sociétés campaniennes. Elles opèrent selon toutes les normes exigées et de la meilleure manière possible. Au Nord, elles nettoient, elles collectent, elles sont en équilibre avec le milieu. Au Sud on enterre, on pollue, on brûle. Cela rapporte à la politique parce que comme le montre l'enquête des juges et de la police de l'antimafia de Naples sur les frères Orsi, (entrepreneurs passés du centre droit au centre-gauche) : aujourd’hui le mécanisme criminogène à travers lequel se fondent les trois pouvoirs - politique entreprenorial et camorriste - c'est le système des consortiums.

Le Consortium privé-public représente le système idéal pour contourner tous les mécanismes de contrôle. Dans la pratique il a servi à créer souvent des situations de monopole dans le choix d'entrepreneurs proches de la Camorra. Cela a eu comme effet pratique d'avoir des situations de monopole et des gains énormes qui n'existaient pas dans le passé. (…) La politique a tiré du système des consortiums 13.000 votes et 9 millions d’euro par an, pendant que le chiffre d'affaires des clans a été de 6 milliards d’euro en deux ans.

Mais ils rapportent aussi des sommes immenses aux propriétaires des décharges comme le prouve le cas de Cipriano Chianese, un avocat entrepreneur du village de Parete, son fief. Il avait géré plusieurs années la Setri, société spécialisée dans le transport de déchets spéciaux de l'étranger : de toutes les parties de l'Europe il transférait des déchets au Giugliano-Villaricca. Transports irréguliers : jamais il n’avait eu l'autorisation de la Région. Il avait cependant la seule autorisation nécessaire : celle de la Camorra.

Accusé par les juges antimafia Raffaele Marino, Alessandro Milita et Giuseppe Narducci de concours extérieur en association camorriste et d’extorsion aggravée et continue, c'est le seul destinataire de la mesure conservatoire signé par le gip de Naples. Au centre de l'enquête la gestion des décharges enterré X et Z, des enfouissement illégaux dans la localité de Scafarea, à Giugliano, appartenant à la Resit et acquises par le Commissariat de gouvernement pendant l'urgence en matière de déchet de 2003. Chianese - selon les accusations - est un de ces entrepreneurs apte à exploiter l'urgence et qui réussit ensuite grâce à l'activité d'écoulement de son Resit à facturer au Commissariat extraordinaire un montant supérieur à 35 millions d’euro, pour la période seule comprise entre 2001 et 2003.

Les installations utilisées par Chianese auraient dû être fermé et remise en état. Elles sont au contraire devenues des décharges pour les situations d'urgence. Grâce à l'amitié avec quelques représentants du clan des Casalesi, comme les collaborateurs de justice l’ont raconté, Chianese avait acheté au prix de terrains en friche des bâtiments de valeur, il avait obtenu l'appui électoral dans les élections politique de 1994, il s’était porté candidat sur les listes de Forza Italia (il ne fut pas élu), et ainsi rien ne s'opposait plus à l'arrivée des ordures sur le territoire du clan. Le bureau du procureur a mis sous séquestre préventive les biens appartenant à l'avocat-entrepreneur de Parete: complexes touristiques et discothèques à Formia et Gaeta ainsi que de nombreux appartements entre Naples et Caserte. L'urgence de cette époque, la ville pleine d'ordures, les poubelles débordants, les protestations, les dessous politique électoraux avaient trouvé dans le Resit leur solution avec sa localisation dans la localité de Tre Ponti, à la frontière entre Parete et Giugliano.

Le déversement des ordures en Campanie rapporte aux entreprises du Nord-est. Comme l’a montré l'opération Houdini de 2004 : les prix du marché pour écouler correctement les ordures toxiques allaient de 21 centimes à 62 centimes le kilo. Les clans fournissaient le même service à 9 ou 10 centimes le kilo. Les clans de la Camorra ont réussi à garantir que 800 tonnes de terres contaminées par des hydrocarbures, propriété d'une usine chimique, soient traitées au prix de 25 centimes le kilo, transport compris. Une économie de 80% sur les prix ordinaires.

Si les déchets illégaux gérés par les clans étaient accumulés ils deviendraient une montagne de14.600 mètres avec une base de trois hectares, il serait la plus grande montagne existante sur terre. (…)

Dans ce pays il faudrait (…) voir le poison qui a été enfouie au Sud et qui a provoqué le massacre des moutons et des buffles dans toute l'Italie et en exhalant des odeur d'acide du cœur des pêches et des pommes.

Mais c’est sans doute dans un autre pays que les visages de ceux qui ont empoisonnés cette terre sont connus. C’est dans un autre pays que les noms des responsables sont connus et pourtant que cela ne suffit pas. C’est' dans un autre pays que la plus grande force économique est le crime organisé cependant que l'obsession des moyens d’information reste la politique qui remplie le débat quotidien d'intentions polémiques, pendant que les clans qui détruisent et qui construisent le pays le font sans qu'il y aie une opposition réel de la part du système d’information, trop épisodique, trop distrait sur les mécanismes réels.

Non ce n’est la Camorra qui a provoqué cette situation d’urgence. Le camorra ne se complait pas à créer l'urgences, la Camorra n'en a pas besoin, ses intérêts et ses gains sur les déchets comme sur tout le reste elle les réalises toujours, elle les fait de toute façon, avec le soleil et avec la pluie, avec l'urgence et avec l'apparente normalité. Quand elle poursuit ses propres intérêts mieux et personne qu’elle ne s'intéresse à son territoire, quand le reste du pays lui confie ses propres poisons pour un coût imbattable et qu’il croit pouvoir s’en laver les mains et dormir d’un sommeil léger.

Quand on jette quelque chose dans les immondices, là dans le seau sous l’évier de la cuisine, ou quand on ferme le sac noir, il faut penser qu’il ne se transformera pas en engrais, en compost, en matière fétide dont se gaveront les rats et les mouettes, mais se transformera directement en actions dans les sociétés, en capitaux, en équipes de football, en immeubles, en flux financiers, en entreprises, en votes. Et de l'urgence on ne veut et ne peut pas sortir parce qu'il est un des moments dans lequel elle gagne le plus

L'urgence n'est jamais créée directement par les clans, mais le problème est que la politique des dernières années n'a pas réussi à arrêter le cycle des ordures. Les décharges s'épuisent. On n’a fait mine de ne pas comprendre que quand tout finissait enfouie on ne pouvait pas ne pas arriver à une situation de saturation. Dans les décharges il ne devrait y aller qu'une petite partie, par contre quand tout est déversé là, alors la décharge s’engorge.

Ce que rend ceci tragique c’est que ce ne sont pas seulement ces jours-ci à être compromis, ce ne sont pas seulement les rue, où aujourd'hui vous frappez dans les sacs poubelles, qui subissent cela. Ce sont les nouvelles générations qui vont être atteintes. L'avenir même est compromis. Qui naît ne pourra non plus tenter de changer celui qui les a précédés et qui n'a pas réussi à arrêter et à changer. Les 80 pour cent des malformations foetales au dessus de à la moyenne nationale arrivent dans ces terres tourmentées.

Cela vaudrait le coup de rappeler la leçon de Beowulf le héros épique qui arrache les bras à l'ogre qui empestait le Danemark: «L'ennemi le plus rusé n'est pas celui qui t’enlève tout mais celui qui t'habitues lentement à ne plus rien avoir ". C’est ainsi vraiment : s'habituer à ne pas avoir le droit de vivre sur sa propre terre, de comprendre ce qui est en train d'arriver, de décider mêmes. S'habituer à n’avoir plus rien.

Article traduit de l'italien (et très légèrement raccourci) par Caius Gracchus

Illustration : Satan afflige Job d'ulcères malins par William Blake

mercredi 9 janvier 2008

Sortir de l’impuissance en revendiquant l’impossible

Voici un article de Danielle Bleitrach qui résume le dégout que l'on peut éprouver sur le spectacle d'une société politique revancharde et anti démocratique...

"La lecture du livre de Badiou a été pour moi l’occasion d’une véritable conversion. Une conversion non religieuse donc pouvant être résumée par la phrase de la « révélation » : « tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais pas déjà trouvé ». Je sortais comme vous tous déprimée de l’élection présidentielle, j’ai écris sur ce blog un article intitulé la nausée, je suis restée plusieurs mois dans cet état mais déjà j’avais décidé avec votre aide de décrypter la pornographie des idées reçues.

La lecture du livre de Badiou me donna des concepts pour penser mes impressions. Là encore révélation, cette révélation que je partage avec Badiou et qui fonde notre communisme, ce bonheur d’avoir rencontré l’histoire, presque la révolution. L’illumination comme le dirait Rimbaud. Cette joie aussi qui fut la notre quand sarkozy a donné nom à la peur des possèdants: mai 68. Le spectre de Marx, celui du communisme rodait encore: il hantait le monde, ils avaient encore peur, nous étions encore forts, plus forts que les crétins de la gauche, les “dirigeants” liquidateurs ne l’estimaient. En lisant ce petit livre alors que je terminais le notre sur l’aventure du socialisme, cette aventure où “l’homme prit grandeur nature”, j’adhérais pour la première fois depuis longtemps à des propos . Pas à une idée, celle-ci demeurait au fond de moi avec une force intacts puisqu’il s’agissait du communisme, mais à une méthode de pensée face à une situation au demeurant navrante, l’impasse de ma propre impuissance. Faute d’un organisation et de la possibilité à travers elle de donner à mon communisme l’épaisseur du réel.

J’étais, je suis, de plus en plus convaincue que le communisme est la justice ou son espérance sans laquelle ma vie n’a plus de sens, le monde actuel est une simple porcherie, où les êtres humains à l’inverse des porcs conservent dans leur soues quelques encombrants états d’âme, quelques moralisations hypocrites qui les rendent de surcroît sadiques, parce que la logique de l’acceptation des idées reçues du capitalisme c’est demain se retrouver en train de tolérer des camps de concentration où l’on torture dans des faubourgs, derrière des murs que l’on construit pour nous séparer des “méchants”, de la sous humanité coupable d’être…."

La suite de l'article sur le blog de Danielle Bleitrach

Pétition contre La rétention de sureté


« Si tu es prêt à sacrifier un peu de liberté pour te sentir en sécurité, tu ne mérites ni l’une ni l’autre ».
Thomas Jefferson

Refusons l’instauration d’un enfermement sans fin sur une simple présomption de dangerosité !

http://www.contrelaretentiondesurete.fr/

Les trois organisations à l'origine de l'appel :
GENEPI Groupement étudiant national d'enseignement aux personnes incarcérées
SNEPAP-FSU Syndicat national de l'ensemble des personnel de l'administration pénitentiaire
Syndicat de la Magistrature

Texte officiel de l'appel : (téléchargeable ici, en pdf)