mercredi 26 décembre 2007

Calomnies...

"La calomnie est comme la guêpe qui vous importune et contre laquelle il ne faut faire aucun mouvement, à moins qu’on ne soit sûr de la tuer, sans quoi elle revient à la charge, plus furieuse que jamais". Nicolas de Chamfort

et cadeau : la calomnie d'Apelle par Sandro Botticelli (un tableau ayant un thème similaire peint au début du 19ème siècle par Jean Broc se trouve sur ce blog...)



mardi 18 décembre 2007

Ce fascisme qui vient (bis)...


Sur son blog Danielle Bleitrach nous livre un article intéressant sur la nouvelle aventure de superprésident

« Nicolas et Pimprenelle : dormez bien les petits : Dans le Franceland politico-médiatique, les questions subsidiaires comme le blocage des salaires des fonctionnaires, la prévisible augmentation en janvier du gaz, ou encore l’expulsion des sans abris, sont ocultées par la dernière grande nouvelle : le président Sarkozy a une avec un top model et chanteuse. Et pour aller jusqu’au bout du goût qu’il a pour les aspects les plus tartes de la culture nord-américaine l’annonce du «coup» présidentiel s’est fait à Disney Land devant Mickey et le décor patisserie viennoise,chantillyet peluches… Plus kitsch que ça tu meurs, j’allais oublier on a convoqué Match, Closer et Point de vue. » (…) lire la suite sur le blog de Danielle Bleitrach

(Je reprends ici le commentaire (un peu corrigé) sur cette « affaire » que j’ai laissé sur son blog )

Je pense que cette opération autour de Bruni et Sarkozy est, comme pièce supplémentaire du puzzle qui doucement se met en place, un élément qui à la fois révèle et accentue la pente qui nous conduit vers le nouveau fascisme...

Et tous fait sens ici...

D'abord le virilisme que recèle cette opération : le superprésident, sait tout est partout et peut tout… omniscient, omniprésent. Et tout puissant. De cette puissance virile indissociable du pouvoir archaïque qu’il ne peut exercer qu’en séduisant les plus « belles femmes » (au pluriel : une seule ne saurait contenter notre omnipotent/omnibandant/omnibaisant président).

Bien sur tout cela est calculé, et ce n’est pas la première fois que Sarko l’américain met ses pas dans ceux de Kennedy (un peu comme les enfants qui enfilent les vêtement trop grands de leurs parents…) Mais le fait même de publiciser transforme la substance de choses qui restaient encore officiellement privées dans l’Amérique des années 60. C’est dans cette publicisation que se trouve les graines du nouveau fascisme : les trucs de la communication les plus modernes alliés au travail sur l’imaginaire le plus archaïque…

Mussolini avait des maîtresses, des actrices, des belles femmes, Mussolini était un homme, un vrai. « Lui » il travaillait jour et nuit, « Lui » il savait tout, il pouvait tout…

Et tout cela se passe à Disneyland… et je me souviens de la chanson de fin de "Full metal Jacket" : au milieux des ruines de la guerres, les marines, ces bêtes à tuer que sont devenus les héros du films, chantent « le monde merveilleux de Mickey Mouse »…

Mais comme les choses n’ont pas qu’un seul sens, est ce un hasard si cela arrive immédiatement après la visite de Kadhafi ?

En terme de communication cette visite est un événement. Et sur ce terrain, Kadhafi a tout bonnement écrasé Sarkozy. Mais plus encore le président Libyen, a « dévirilisé » le président français : Kadhafi l’homme arabe, qui peut porter les tenus les plus surprenante avec panache, qui se déplace entouré de sa garde d’amazones, qui rend hommage au Louis XIV de Versailles (combien de maîtresses et de bâtard déjà ?), Kadhafi le séducteur, le « violeur » nous apprend-on même récemment, a traité Sarkozy comme un vulgaire « paillasson », il l’a véritablement « baisé » en public…

Une telle atteinte à la virilité de notre président ne pouvait rester sans réponse… Et enfin Carla vint….

samedi 15 décembre 2007

Ce fascisme qui vient....

Voir des étudiants hurler leur joie en voyant d'autres étudiants avec qui ils partagent peut être les mêmes cours subir les assauts violents des forces de l'ordre constitue une expérience assez saisissante...



Je ne peux m'empêcher en voyant ces images de penser à d'autres images et à d'autres pays : à ces membres de la bourgeoisie chilienne hurlant leur joie après le coup d'état de Pinochet...

jeudi 13 décembre 2007

Les demies vérités qui sonnent comme de complets mensonges : Veltroni et Pol Pot

Encore un article décapant de Domenico Losurdo traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Les crimes de Pol Pot sont semblables à ceux pratiqués par le Troisième Reich à Auschwitz, et communisme et nazisme sont les deux faces de l’horreur du 20ème siècle : ces déclarations de Walter Veltroni (maire de Rome et président du tout « nouveau » Partito Democratico, ndt) ne pouvaient pas ne pas susciter les applaudissements de la « grande » presse d’information. L’idéologie dominante est aujourd’hui plus que jamais affairée à traiter comme des assassins purs et simples, voire comme des assassins de masse, les grandes personnalités du mouvement communiste, qu’il s’agisse de Lénine, Staline, Mao Tsé Tong ou Tito. Et, naturellement, de Pol Pot. Et c’est sur ce dernier justement (explicitement cité par le secrétaire tant acclamé du Partito Democratico) que j’entends m’arrêter, non pas certes pour le réhabiliter, mais pour mettre en relief le caractère farcesque des procès qui caractérisent, idéalement, le Nuremberg anticommuniste qui a cours de nos jours. Pour ce faire, je me servirai presque exclusivement de la monographie écrite par un journaliste qui a travaillé pour le Times, l’ Economist et la BBC.

Commençons donc par nous poser une question : quand et comment a débuté la tragédie qui a culminé dans l’horreur du régime de Pol Pot ? Voici une première réponse :

« Aux débuts des années 70, le président Richard Nixon et son conseiller Henry Kissinger ordonnèrent de lancer sur les zones rurales du Cambodge plus de bombes que n’ furent lancées sur le japon pendant la deuxième guerre mondiale, tuant au moins 750.000 paysans cambodgiens » (Johnson 2001, p.31).

Le calcul du livre auquel j’ai fait référence est plus prudent : les victime se monteraient à « un demi million ». Il reste certain cependant que « les bombes tombèrent en masse et surtout sur la population civile », qui en sortit décimée, avec des survivants horriblement marqués dans leur corps et en tout cas traumatisés par l’expérience quotidienne des bombardements terroristes ; et par la fuite des campagnes (réduites à un « paysage lunaire ») vers les villes restées aux mains des troupes gouvernementales et donc épargnées de cet enfer. Mais, ces villes, toujours en proie au chaos à la suite de l’afflux croissant de réfugiés, contraints à mener « une existence précaire aux limites de la mort de faim » ; à la fin de la guerre, dans la seule capitale, il y avait deux millions de cambodgiens déracinés par la guerre et amassés dans des « taudis » et « bidonvilles », les malades et blessés hospitalisés mais « avec peu d’espoir de survie » (Short 2005, p. 351, 287, 289-90, 334 et 361-62). Il faut ajouter à tout cela les « massacres à grande échelle » perpétrés par les troupes de Lon Nol, arrivé au pouvoir en 1970 par un coup d’Etat préparé à Washington. Voilà de quelle manière le régime, alimenté par « des centaines de millions de dollars » venant des Etats-Unis, affronte le problème que représentent les minorités ethniques : « Dans les villages vietnamiens des faubourgs au nord de Pnom Penh, au moins trois mille habitants, tous des hommes au dessus de 15 ans, furent raflés, amenés le long du fleuve et fusillés. Les femmes qui restaient furent violées ». Ou bien : « Dans la zone dite du Bec de Perroquet, les détenus (vietnamiens) d’un camp furent prévenus d’une attaque vietcong imminente, et reçurent l’ordre de s’enfuir. Tandis qu’ils couraient, les gardes cambodgiens (alliés ou asservis par les Usa) ouvrirent le feu avec leurs mitrailleuses ». Ce ne sont que deux exemples. Des témoignages de journalistes autorisés parlent de l’impression qu’on retirait immédiatement de la visite de tel ou tel lieu analogue à ceux qu’ils venaient de voir : « On aurait dit une boucherie et ça en avait l’odeur » (Short 2005, p.18 et 277-78).

Il est clair que la fureur des troupes de Lon Nol ne s’abat pas que sur les vietnamiens : « les communistes faits prisonniers étaient vite supprimés » ; de plus les responsables de tels assassinats aimaient se faire photographier alors qu’ils exhibaient, fiers et souriants, les têtes coupées des guérilleros (Short 2005, p.331 ; voir aussi la photo des pages 376 et 377). Il serait d’autre part faux de mettre au compte exclusif des asiatiques les atrocités qu’on a pu voir au Cambodge et, plus généralement, en Indochine. On reste pensif au récit du témoignage d’un enseignant américain dans une revue américaine, à propos d’un agent de la Cia, qui vécut au Laos, « d’une maison décorée avec une couronne d’oreilles arrachées aux têtes de communistes (indochinois) morts » (cf. Losurdo 2007, p.24).

A ce point, une nouvelle question s’impose : y a-t-il un lien entre le premier acte de la tragédie cambodgienne et les suivants ? Dans son engagement à minimiser un tel rapport, le livre que j’ai cité n’est pas exempt de contradictions ou oscillations : « Il est possible que les bombardements aient contribué à créer un climat qui allait conduire à l’extrémisme. Mais la guerre à terre l’aurait de toutes façons fait ». La « guerre à terre » était-elle une fatalité ? N’est-ce pas de la guerre en tant que telle qu’il faut partir ? « L’équation « pas de guerre au Vietnam, pas de Khmers rouges » est trop simpliste, mais reflète une vérité indéniable » (Short 2005, p.289 et 586). Le collaborateur du Times, de l’Economist et de la Bbc a des difficultés à l’admettre, et pourtant, on déduit de ses propres formulations embarrassées que les premiers responsables de la tragédie sont à chercher à Washington.

Mais il ressort de son récit une vérité plus bouleversante encore en regard de la vulgate aujourd’hui à la mode. Voici de quelle façon le journaliste-écrivain anglais rapporte la conquête de Pnom Penh par les guérilleros : après tout ce qui s’était passé « cela aurait pu aller beaucoup mais beaucoup plus mal » (Short 2005, p.359). Au moins pour ce qui concerne la toute première phase de la gestion du pouvoir, Pol Pot reçoit ici un diplôme de modération qu’on pourrait difficilement attribuer aux dirigeants de Washington !

D’autre part, les nouveaux gouvernants étaient confrontés à des difficultés réelles et dramatiques : les Usa allaient-ils lancer une nouvelle vague de bombardements terroristes ? Et comment nourrir une population urbaine qui avait augmenté démesurément, avec une agriculture dévastée à cause de la transformation des campagnes en « un paysage lunaire » ? Comment faire face à la menace de la Cia qui, dans les villes, « avait installé des émetteurs radios secrets et des cellules d’espionnage clandestin « (Short 2005, p. 380-81) ? Certes, c’est aussi le populisme extrémiste et visionnaire de Pol Pot qui a déterminé la décision d’évacuer les villes, mais cette attitude même est poussée par le spectacle de villes terriblement surpeuplées, exposées à la menace de l’ennemi et en proie au chaos, avec une population en grande partie dans l’incapacité d’accomplir une fonction productive.

En conclusion : pourquoi le jugement moral devrait-il être plus sévère sur Pol Pot que sur Nixon et Kissinger (les responsables de la guerre) ? L’auteur anglais lui même auquel je me réfère constamment, tandis qu’il repousse d’un côté l’explication intentionnaliste des massacres dans lesquels débouche l’aventure de Pol Pot (« ce ne fut jamais la ligne politique du PCK », c’est-à-dire du parti communiste cambodgien ; « l’objectif n’était pas de détruire, mais de transformer »), observe d’autre part, à propos de la férocité de la guerre étasunienne : « Les bombardements étaient devenus un symbole de virilité » (Short 2005, p. 382et 326). On doit ajouter qu’après la conquête du pouvoir, au cours du conflit ultérieur au Vietnam, Pol Pot fut soutenu sur le plan politique et diplomatique par les Etats-Unis. Et, cependant, l’idéologie dominante passe sous silence le rôle prioritaire et décisif de Nixon et Kissinger dans la tragédie cambodgienne. C’est connu : les barbares sont toujours à l’extérieur de l’Occident, et s’il faut procéder à la criminalisation de dirigeants politiques occidentaux, ceux-ci sont les responsables de la révolution mais jamais de la guerre.

Cette hypocrisie est d’autant plus répugnante que, tandis que Pol Pot a cessé de tourmenter et de tuer, la guerre étasunienne continue à faire sentir ses effets avec force. « Dans toute l’Indochine il y a des gens qui meurent de faim, de maladie et des engins non explosés » (Chomsky, Hernan 2005, p.60). En ce qui concerne le Vietnam au moins, on peut se référer au calcul fait il y a quelques temps par un journal conservateur français selon lequel, trente ans après la fin des hostilités, il y avait encore « quatre millions » de victimes dont le corps était dévasté par le « terrible agent orange » (de la couleur de la dioxine déversée sans compter par les avions américains sur tout un peuple (cf. Losurdo 2007, p. 10). Et au Cambodge ? J’entends ici attirer l’attention surtout sur une effet particulier des bombardements étasuniens, en me référant toujours à l’auteur anglais cité plusieurs fois : « Les paysans devinrent la proie d’une terreur aveugle. Leur esprit se bloquaient et ils erraient muets, sans parler pendant trois ou quatre jours » a rappelé un jeune habitant d’un village. « Leur cerveau était complètement désorienté (…) ils n’arrivaient même pas à avaler un repas ». Et nombre d’entre eux n’arrivaient jamais à se reprendre (Short 2005, p.289et 290, note). Une conclusion s’impose : se concentrer exclusivement sur Pol Pot signifie se contenter de passer sous silence les principaux responsables de l’horreur.

Revenons à Veltroni. La criminalisation à laquelle il procède du mouvement communiste dans son ensemble et de la grande aventure qui a commencé avec la révolution d’octobre est l’autre face de l’embellissement de l’Occident capitaliste et impérialiste, avec effacement généreux de tous ses crimes. En ce sens, les déclarations du secrétaire du Partito democratico non seulement sont une insulte à la vérité historique, mais ouvrent aussi la voie aux nouvelles agressions, aux nouvelles guerres et aux nouveaux crimes que les dirigeants de Washington sont en train de préparer.

Références bibliographiques :

- Noam Chomsky, Edward S. Herman 2005

- The Washington Connection and the Third World Fascism». The political economy of human rights, vol. 1 (1979),

- Chalmers Johnson 2001

- Bowback. The Costs and Consequences of American Empire (2000)

- Domenico Losurdo 2007

- Il linguaggio dell’Impero. Lessico dell’ideologia americana, Laterza, Roma-Bari (en cours de traduction, ndt)

- Philipp Short 2005

- Pol Pot: The History of a Nightmare (2004)

Publié dans “Gramsci oggi” novembre 2007, p. 5-6

mercredi 12 décembre 2007

Boycotter les Jeux Olympiques de Pékin ? Asor Rosa et l’idéologie de la guerre, par Domenico Losurdo.

Publié dans « L’Ernesto. Rivista comunista », numéro de septembre-octobre 2007. Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Quand me sont arrivées les premières informations sur l’invitation d’Alberto Asor Rosa à boycotter les Jeux Olympiques, j’ai pensé que c‘était les Jeux de Londres de 2012 qui étaient dans le collimateur. En effet, tout aussi discutable est leur assignation à un pays qui depuis des années se distingue par la violation de la charte de l’ONU et qui, pour finir, s’est rendu responsable, aux côtés des Etats-Unis, de l’agression contre l’Irak. La catastrophe qui en est dérivée est sous les yeux du monde entier : les victimes civiles se comptent par dizaines ou centaines de milliers, les réfugiés par millions ; répugnante est l’insulte aux droits de l’homme qui est en acte à Abou Ghraib ; déjà rejeté des décennies en arrière, le pays risque à présent le démembrement.

Les Jeux Olympiques de Pékin et ceux de Londres

Et ce n’est pas fini. Pour rester au Moyen-Orient, l’ombre menaçante de l’invasion ou des bombardements couvre maintenant la Syrie et l’Iran, alors qu’est évoqué le spectre de la « troisième guerre mondiale » sans exclure le recours à des armes nucléaires plus ou moins « tactiques » : le tout grâce à la politique non seulement de Washington mais aussi de Londres. Etait-il vraiment nécessaire de récompenser avec cette assignation des Jeux, qui devraient être synonymes de convivialité pacifique entre nations, une capitale qui se distingue par son arrogance impériale et sa politique de guerre ?

J’ai lu ensuite l’article publié sur La Repubblica du 16 octobre : non, Asor Rosa n’en a qu’après les Jeux de Pékin, et brandit la menace de leur boycott en ressassant tous les lieux communs de l’idéologie dominante. L’extraordinaire effort d’un pays, qui dans une courte période de temps a assuré le droit à la vie à des centaines de millions d’hommes, est dédaigneusement liquidé comme la « machine du développement et de l’exploitation économique » mise en marche par sa « structure centraliste et autoritaire ». Sans s’en apercevoir, Asor Rosa devient l’apologue emphatique du système politique qu’il entend pourtant condamner : il serait difficile de délégitimer « la structure centraliste et autoritaire », si celle-ci suffisait à elle seule à sauver la masse immense d’hommes qui subissent encore dans le Tiers-monde la faim et la mort par privations. En réalité, les choses sont bien différentes « La structure centraliste et autoritaire » n’est certes pas absente dans un pays comme l’Egypte, qui cependant continue à attendre et à dépendre de la farine américaine : pour l’obtenir, Moubarak doit se soumettre à la politique de guerre et d’oppression qu’Etats-Unis et Israël conduisent au Moyen-Orient. Le cas de la Chine est bien différent qui, sortant du sous-développement, en même temps porte à bon terme sur le plan économique aussi l’indépendance politique obtenue à la suite d’une lutte de libération nationale épique.

C’est pour cela qu’est en cours une sorte de croisade contre le grand pays asiatique, croisade à laquelle s’associe aussi Astor Rosa. Le voilà lister une série de « valeurs absolues » et de « droits universels » (liberté de parole, de culte, d’association, etc.), toutes, à ce qu’il paraît, systématiquement violées par Pékin.

Le syndicat en Chine

Les « libertés syndicales » aussi seraient réprimées. Et la désinvolture qui caractérise l’article dans son entier se fait ici plus que jamais évidente. C’est justement en Chine que le leader mondial de la grande distribution (Walt Mart) a été obligé de reconnaître à ses salariés ce droit à l’association syndicale qu’il continue à refuser dans le monde entier et aux Etats-Unis en premier lieu. Oui, objectera-t-on, mais dans les grands magasins chinois seul le syndicat officiel est toléré, généralement accusé de peu s’impliquer dans la lutte pour l’augmentation des salaires. Mais cette accusation est-elle convaincante ?

Dans le grand pays asiatique il y a chaque année entre 10 et 15 millions d’habitants qui abandonnent la campagne (surpeuplée et encore lourde d’arriération) pour s’installer en ville (y compris ces nouvelles villes qui sortent de rien) : dans ces conditions, même la Cgil (plus grand syndicat italien, équivalent de la CGT en France, ndt) du grand Di Vittorio aurait mis l’accent sur les postes de travail et, donc, sur l’expansion de l’économie ; et pourtant - se lamente « Wall Street Journal-Europe » du 6 juin 2007- « depuis plusieurs années les salaires chinois augmentent sans interruption au rythme annuel de 10% ». Le taux de croissance connaîtrait une ultérieure accélération : à cause aussi de la nette amélioration des condition de vie dans les campagnes, les émigrés, à présent, « prétendent à des salaires plus élevé de 16% par rapport à l’année précédente » et exigent et arrivent à arracher aussi quelques bénéfices et améliorations ultérieurs.

Plus impressionnantes encore sont les données rapportées par l’hebdomadaire allemand « Die Zeit » du 18 octobre, dans un article de Georg Blume : « A l’heure actuelle, les plus bas salaires augmentent de 30% par an, alors que le revenu moyen progresse de 14% et, donc, bien plus rapidement qu’une économie qui pourtant se développe de façon très dynamique ». C’est vrai, le coût du travail augmente plus lentement, mais à cause seulement du développement rapide de la productivité. A bien y regarder, même avec toutes ses limites et ses retards, le syndicat officiel chinois se révèle nettement plus mature que ses critiques (y compris ceux de « gauche ») : il appelle la classe ouvrière à ne pas s’enfermer dans un corporatisme étroit, pour être au contraire la protagoniste du processus d’industrialisation et modernisation du gigantesque pays asiatique dans sa totalité ; protagoniste de la lutte nationale pour l’acquisition des technologies les plus avancées, de manière non seulement à renforcer l’indépendance de la Chine mais aussi à rompre le monopole détenu jusqu’à présent dans ce domaine par l’Occident. C’est aussi grâce à la détérioration de ce monopole et à la possibilité d’accéder à des produits industriels de plus en plus sophistiqués, et à la technologie en rapide développement de la République Populaire de Chine, que des pays comme Cuba et le Venezuela sont en mesure de résister à la politique d’étranglement économique mise en œuvre à Washington. Ils le savent bien, les cercles impérialistes largement impliqués dans la politique d’isolement du géant asiatique : c’est à travers cet isolement que passent la réaffirmation de la doctrine Monroe en Amérique latine et l’imposition de l’hégémonie étasunienne dans le monde.

Une étrange idée de démocratie

Asor Rosa passe survole tout cela de très haut. Parmi les « valeurs absolues » et les « droits universels » qu’il énumère, ne figurent ni le droit à la paix ni le droit pour les nations à jouir de la démocratie dans les rapports internationaux et à ne pas être soumis à la loi du plus fort. Sont ainsi ignorés ou écartés les « valeurs absolues » et les « droits universels » effacés par les aspirants patrons du monde, lesquels, grâce justement à un tel effacement, peuvent s’attribuer la mission d’exporter la démocratie dans le monde entier, en ayant recours à tous les moyens, y compris les embargos économiques, aux menaces en tout genre et aux agression militaires véritables.

Insouciant de tout cela, Asor Rosa invite l’Italie (et indirectement l’ « Occident démocrate capitaliste ») à lancer un ultimatum : si le jour de l’ouverture des Jeux, « tous les organes de presse et télévisuels chinois » ne rendent pas publics « un document en faveur des droits universels de parole et d’association », les Jeux Olympiques de Pékin seront boycottés. Une singulière vision de la démocratie se fait jour ici : non seulement les dirigeants du Comité Olympique international, mais le secrétaire général de l’Onu lui même, élu par les représentants des pays du monde entier, se sont prononcés de façon répétée et avec force contre l’idée du boycott ; Asor Rosa, par contre, attribue en ultime analyse aux ex-puissances coloniales le devoir souverain de juger et punir un pays déjà frappé par eux dans le passé, par des agressions militaires répétées et infâmes. C’est une attitude d’autant plus stupéfiante que ce même Asor Rosa reconnaît qu’il n’y a en Chine pour penser comme lui « qu’une minorité de la population » ; et, toutefois, au nom de la « valeur absolue » de la démocratie, la majorité des habitant du pays le plus peuplé du monde est appelée à s’incliner devant la volonté des grandes puissances occidentales (et du grand intellectuel romain) !

Mais concentrons-nous aussi sur les « droits universels de parole et d’association », au nom desquels est lancé l’ultimatum. D’une part Asor Rosa ignore les notables progrès réalisés par la Chine, dans des conditions difficiles, dans ce domaine aussi. Dans les années 70 du 20ème siècle, Deng Xiaoping soulignait l’importance du gouvernement de la loi ; au contraire, la « nouvelle gauche » italienne et occidentale continuait à l’époque à célébrer la Révolution culturelle qui, en toute continuité à ce propos avec le socialisme réaliste, regardait les libertés et garanties « formelles » avec un mépris souverain. Entre temps, la tutelle des droits de l’homme a été insérée dans la Constitution chinoise. Il ne s’agit pas d’un geste « formel » ou d’un point isolé : dans le pays est en cours la traduction systématique des grands textes de la culture occidentale, y compris ceux qui sont largement engagés dans la théorisation des droits de l’homme, problématique qui tend désormais à acquérir la dignité de discipline universitaire ; de façon plus générale, on voit grandir assez rapidement le nombre des organisations non gouvernementales, des journaux, des Universités, des étudiants et diplômés qui étudient en Occident, et des professeurs occidentaux appelés à enseigner dans les universités chinoises. Bien sûr, le chemin à accomplir est encore long, et le grand pays asiatique ne veut pas s’ouvrir immédiatement à la « démocratie » de la même façon que s’y sont ouverts la Yougoslavie et la Russie : pays qui ont subi une catastrophe économique, sociale, nationale et humanitaire, avec un Occident prêt à en tirer profit sans scrupules, afin d’élargir sa sphère d’influence et de domination.

Mais, alors qu’il ignore d’un côté les progrès réalisés par la Chine même dans le domaine des « droits universels de parole et d’association », de l’autre côté, Asor Rosa embellit le comportement de l’Italie et de l’Occident « démocratique-capitaliste ». Mais qui, au printemps 1999, a assassiné par des bombardements aériens les journalistes télés yougoslaves coupables de ne pas partager l’opinion des sommets et des idéologues de l’OTAN et de s’obstiner à condamner l’agression subie par leur pays ? Et combien y a-t-il de journalistes « accidentellement » tués par le feu des forces d’occupation en Irak ou en Palestine ? Bénéficient-ils des « droits universels de parole et d’association » les habitants de Gaza qui, après avoir voté pour le Hamas au cours d’élections libres, se voient maintenant condamnés au boycott, à l’étranglent économique et à l’embargo ? Et ont-ils bénéficié de ces droits les détenus d’Abu Ghraib et de Guantanamo ? Pour finir : les arabes et les musulmans qui aux Etats-Unis osent contribuer à une souscription en faveur de la population de Gaza et du Hamas risquent d’être poursuivis et condamnés en tant que « terroristes ».

A son époque, Clinton, en prononçant le discours qui inaugurait son premier mandat présidentiel, exaltait les Etats-Unis comme la plus antique démocratie du monde et donc comme le pays appelé à « conduire le monde » sur la voie de la liberté, dans le cadre d’une mission « sans âge » ; naturellement, le président étasunien ne faisait référence ni à l’anéantissement des peaux rouges, ni au régime d’esclavage et d’oppression raciale infligé pendant des siècles aux noirs, ni à la répression impitoyable et aux pratiques de génocide mises en actes par les Usa dans leurs véritables colonies (Philippines) et dans leurs semi-colonies en Amérique latine ; Asor Rosa argumente de la même façon. Quand il propose, en matière de « droits universels de parole et d’association » d’ériger un tribunal, dans le cadre duquel la Chine est l’imputée et l’Italie et l’Occident « démocratique-capitaliste » sont les juges, il évacue du cadre les infamies antidémocratiques dont justement l’Occident se tâche aujourd’hui encore, quand il s’agit de plier la résistance des pays et des peuples qu’il entend soumettre à sa domination.

C’est un trait caractéristique de la fausse conscience de l’Occident de faire abstraction du sort réservé à ses victimes pour pouvoir s’autocélébrer comme le lieu de la liberté ; et c’est à partir de cette fausse conscience que l’Occident peut passer ses guerres de contrebande comme une contribution à la diffusion de la démocratie. Asor Rosa ferait bien de réfléchir à tout cela. Ce serait triste de voir un prestigieux intellectuel de gauche se mettre dans la trace de la tradition culturelle pro-colonialiste et pro-impérialiste, et devenir un idéologue de la guerre (qu’elle soit froide ou chaude) !

Domenico Losurdo

Alberto Asor Rosa est enseignant de littérature à La Sapienza à Rome, écrivain et critique littéraire.

Domenico Losurdo est philosophe et historien à Urbino, auteur de nombreux ouvrages traduits en plusieurs langues.

mardi 11 décembre 2007

L’Auto-dissolution du Parti Communiste Italien par Pierre Laroche

Voici un excellent article du fin connaisseur de la politique italienne qu'est Pierre Laroche sur la disparition du PCI en Italie publié par le blog des communistes du 5ème arrondissement de Paris

Le Parti Communiste Italien, né en 1921, a été dissous par son 20è congrès en janvier 1991. Cette auto-dissolution est l’issue d’un long processus, dont tous les protagonistes n’avaient sans doute pas projeté ni le déroulement, ni la fin. Ainsi, le secrétaire général du PCI, Enrico Berlinguer, qui avait, au lendemain du coup d’Etat de Pinochet au Chili en 73, estimé qu’il n’était pas possible de diriger un pays avec un gouvernement minoritaire ou disposant d’une trop faible majorité, avait-il proposé en 74 pour l’Italie ce qu’il avait appelé un « compromis historique » entre les forces communiste, socialiste, et chrétienne. Cette proposition, loin de faire l’unanimité dans le PCI, avait cependant eu un grand écho dans le pays et, dans l’immédiat, le PCI avait obtenu le meilleur score électoral de son histoire passée et future aux élections de 1976, avec 34,4% des voix. La démocratie chrétienne, qui était également, sous l’impulsion d’Aldo Moro, à la recherche d’un nouveau dispositif politique du pays, s’était ralliée à l’idée de convergence démocratique. Et, peu à peu, le PCI s’était approché d’une participation gouvernementale, ce qui n’avait pas eu lieu depuis 1947. C’est alors qu’Aldo Moro était enlevé puis assassiné en 1978 par les « Brigades rouges ». Bientôt, le PCI, accusé simultanément d’être complice des terroristes et co-responsable de la politique gouvernementale, avait mis fin en 1979 à sa participation à la majorité et tentait une stratégie qui faisait plus de place au mouvement social, alors que le « compromis historique », du moins dans sa mise en œuvre politique sous forme de « solidarité nationale », donnait la prééminence aux rapports entre formations. La mort brutale de Berlinguer, en 1984, contribuait à fragiliser le PCI, son successeur Alessandro Natta n’ayant pas le poids charismatique de Berlinguer.

lire la suite de l'article sur le blog des communistes du 5ème

Illustration : Les funérailles de Togliatti par Renato Guttoso

samedi 8 décembre 2007

Italie : la faucille et le marteau vont-ils disparaitre?

Le débat sur la "Cosa rossa" (allusion transparente à la "Cosa" nom dont on affublait le déjà ex Pci lors du processus d'abandon de la référence au communisme par les dirigeants du PCI et la création du PDS...) s'est accéléré.
La direction du PRC sous l'impulsion de son secrétaire Giordano, et du président de la Chambre Fausti Bertinotti annonce la création de la fédération Arc en ciel avec les vert, le PDCI, les démocrates de gauche. Aux prochaines élections régionales, les candidats du PRC devraient se présenter non plus sous le symbole du parti (drapeaux rouges et faucille et marteau) mais sous celui de "L'arc en ciel"
Il ne s'agit évidemment pas du seul abandon d'un symbole (mais justement le PRC s'était formé aussi sur le refus de l'abandon des symbole : drapeaux rouge et faucille et marteau...) mais bien d'un abandon en cours de sinon de toute référence au communisme, du moins de l'existence d'un courant communiste autonome.
Ces évolutions n'arrivent pas dans n'importe quel contexte : celui d'un gouvernement de "centre-gauche" dont la politique est de plus en plus de droite, avec les lois sur le Welfare, sur les retraites, sur les immigrés (le décret anti rom, décret implicitement raciste, dont même un Hortefeux ne saurait rêver en France...) et de parti de gauche (PRC, mais aussi PDCI et vert...) qui crient, qui protestent...mais qui finissent par voter. Le PRC est devenue la risée de toute la presse italienne... et la sortie bien peu institutionnelle du président de la Chambre, Fausto Bertinotti, qui met en garde le gouvernement Prodi, n'y changera rien... Le PRC se soumettra...
Alors de nombreux députés et quelques sénateurs du PRC refusent de voter la confiance à Prodi. Pour certains les mêmes qui protestent contre l'abandon de la référence au communisme...
Et quand le projet est sale autant le faire salement : de peur de de plus être majoritaire (comme cela est prévisible) la direction du PRC décide de repousser d'un an le congrès qui était prévu en mars 2008!

Voilà de quoi réfléchir et discuter pour les délégués des section du PCF qui se réunissent ce week end à la Défense...

Pour ceux qui lisent l'Italien des articles très critiques sur ces évolutions dans la revue L'Ernesto

mercredi 5 décembre 2007

Ligue : méthodes nazies" contre les immigrés?


Giorgio Bettio prône des "méthodes nazies" envers les immigrés

Un conseiller municipal de Trévise propose d’"utiliser les mêmes méthodes que les nazis" pour faire "comprendre aux immigrés comment ils doivent se comporter".

Giorgio Bettio, conseiller municipal de Trévise et membre du parti populiste de la Ligue du Nord, a proposé d’ "utiliser les mêmes méthodes que les nazis" afin de faire "comprendre aux immigrés comment ils doivent se comporter" rapporte mardi 4 décembre le quotidien local, La Tribuna. C’est lors d’une séance du conseil municipal, au moment de parler des mesures liées aux immigrés, que Giorgio Bettio a estimé qu’"il serait juste de leur faire comprendre comment ils doivent se comporter, en utilisant les mêmes méthodes que les nazis". "Pour chaque citoyen de Trévise à qui ils ont fait du tort ou qu’ils ont ennuyé, dix personnes non originaires des pays de l’Union européenne devraient être punies", a prôné le conseiller municipal, en référence aux méthodes de représailles nazies qui consistaient à fusiller dix personnes pour un Allemand tué.

Giorgio Bettio a également proposé que les immigrés, venant de pays non membres de l’UE déjà en possession d’une carte de séjour et "qui demandent le permis de résidence" dans la ville de Trévise, soient "surveillés pendant six mois". Il a égalament proposé que des informations soient "recueillies auprès de leurs voisins". "Au terme de ces six mois, s’ils se sont bien comportés, alors les immigrés pourront rester, dans le cas contraire, il faudra encore les surveiller pendant trois mois avant de les expulser", a ajouté le conseiller municipal, membre de la ligue du Nord. Selon La Tribuna, Giorgio Bettio a déclaré : "Il n’est pas acceptable que des immigrés viennent vivre dans nos immeubles et qu’ils se comportent comme des caïds ou des terroristes, ils devraient respecter les règles".

- http://tempsreel.nouvelobs.com/actu...

dimanche 2 décembre 2007

Catherine Sagna : Exercices spirituels

Ascèse sensuelle d'après Loyola

Des mains, des mains, et encore des mains ! C'est bien simple, on ne voit qu'elles dans le spectacle Exercices spirituels, chorégraphié et dansé par Caterina Sagna, d'après Ignace de Loyola (1491-1556), le fondateur de la Compagnie de Jésus.

Dix ans après sa création, on conserve un vif souvenir de ce solo hypnotique. C'était au Théâtre de la Bastille, à Paris. Après avoir recréé la pièce au festival Instances de Chalon-sur-Saône, le 22 novembre, la chorégraphe italienne (aujourd'hui installée à Rennes) est de retour sur le même plateau parisien pour une reprise exceptionnelle de cet exercice d'ascèse qui va jusqu'à faire croire à la disparition de l'interprète.


Illusionnisme ? Non. Ces Exercices spirituels sont très concrets, sensuels même. Caterina Sagna réussit à déplacer le propos d'Ignace de Loyola vers la danse, par la répétition lancinante de mouvements des bras et des mains. Jaillissants d'une longue robe noire, ses poignets joints se tournent et retournent, libérant les mains comme des fleurs ou des coquillages. A force d'insistance, la danse glisse vers une possession douce qui purge le corps autant que l'esprit.

LE POUVOIR DU MOUVEMENT

En se fixant d'abord sur les mains, puis sur le buste oscillant d'avant en arrière, Caterina Sagna touche les zones clés de l'extase, qu'elle soit mystique ou pas. Elle trouve des accords rythmiques nouveaux pour un dépouillement graduel qui ne va pas sans dérive douloureuse. Oser se confronter au jésuite ressemblait à une gageure. Réussir à en extraire une mécanique chorégraphique aussi puissante et en même temps presque économe est un exploit. Les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola peuvent se lire comme une recherche active sur soi.

Cette tentative d'éclaircissement pose ces Exercices spirituels, le plus souvent interprétés dans le silence, au croisement de la discipline intime et du spectaculaire. Grave et vibrant, ce solo ressemble à un test vital pour la chorégraphe sur le pouvoir du mouvement, sa capacité à évoquer l'immatériel, mais aussi sur son propre talent à incarner une transe aussi subtile.

La danse peut-elle devenir un moteur de méditation ? Avec Caterina Sagna, oui. Au point qu'à la fin de la pièce son évanouissement dans des rideaux a tout d'une évidence. La pratiquante est réduite en fumée par son obsession. Hallucination ou miracle ? Illumination.

"Exercices spirituels", de et avec Caterina Sagna. Théâtre de la Bastille, 76, rue de la Roquette, Paris-11e. Mo Bastille. A 21 heures. Du 28 novembre au 6 décembre. Transgedy, solo chorégraphié par Caterina Sagna pour Alessandro Bernardeschi. Tél. : 01-43-57-42-14.

Rosita Boisseau
Article paru dans l'édition du Monde du 29.11.07.