mercredi 9 mai 2007

A propos d'une discussion sur le communisme du 21ème siècle


"(...) C'est elle la jeunesse du monde qui fera sans doute advenir ce dont nous pouvons à peine pressentir les contours. Car nous sommes assez comparables à des personnages de Tchékhov. Nous sommes malheureux. Oui, nous sommes un peu malheureux. Nous sommes persuadés que nous vivons la fin d'une époque, et le temps semble presque arrêté. Nous savons que quelque chose va venir. Mais nous ne savons pas ce que c'est".
(Jean Salem dans "Lénine et la révolution" 2006)

J’invite les (quelques) lecteurs de mon blog à lire la (longue) contribution de Osemy "pour un communisme du 21ème siècle" concernant l’après 6 mai et ses réflexion qui ne manque pas de finesse sur les causes de la victoire de Sarkozy au delà du stérile et infantile « Sarko facho »…

Simplement je serai moins dépréciatif qu'elle sur la fraction du peuple qui a voté Sarkozy. Parce que pour une part il y a une légitimité au rejet par une fraction des classes populaires d’une gauche narcissique et « parisienne ». J’avais donné mon sentiment dans un message précédent de ce que pouvait ressentir une partie des classes populaire devant le « Woodstock » de Charléty…

Attention je ne dis pas « le peuple a toujours raison », « vive la « simplicité » populaire contre la sophistication « bourgeoise » et « bohème ». Non car je pense très précisément que c’est là que se niche le possible futur d’un nouveau fascisme.

Et c’est dans ce risque de dérive que se glisse le discours de NS : car tout n’est pas au niveau du symbole, la volonté de la bourgeoisie (et on voit sans doute comme jamais pour un président de la Vème république à quel point il est lié, personnellement, au grand patronat) est d’imposer ce qu’avait réussit les gouvernement de droite de Laval et Tardieux dans les années 30 contre le monde ouvrier : une baisse drastique des revenus du travail ( et de la redistribution).

Face à ce projet qui n’est rien moins qu’impitoyable pour les classes subalternes, la droite a réussi à mobiliser le symbolique, l’imaginaire des classes populaires contre ceux que celle-ci peuvent aussi à bon droit considérer comme responsables de leur situation. Je veux parler d’une certaine « gauche » pas simplement la gauche « libérale libertaire » mais l’ensemble de la social démocratie foncièrement ralliée à l'objectif d’écrasement des salaires. (Je précise que j’éprouve sans doute encore moins d’indulgence pour une gauche Républicaine qui ne trouve de réponse que dans une régression sur la liberté de l’individu qui est malgré tout un des acquis de 68).

Je suis d’accord pour dire que l’élection de NS se fait aussi pour une part en contre tendance d’un redémarrage des luttes sociale et de la réémergence, encore timide, d’un courant intellectuel «marxiste» (je pense à l’actuel pénétration des œuvres de Domenico Losurdo en France, au Semimarx, j’invite à ce propos à passer sur le site Marx au 21ème siècle.). Mais une contre tendance qui peut écraser les germes du renouveau…

Alors que faire…

Je suis un peu plus réservé sur les priorités que fixe Osémy .

1 D’abord concernant ses trois priorités : Si je partage le premier la refondation idéologique, rebâtir un intellectuel collectif communiste (et je pense qu’il s’agit d’une entreprise de longue haleine) si je partage aussi le terme de « transformation éthique de nos pratiques politiques » je pense qu’il faut élargir le propos et réfléchir sur le mode d’organisation de l’objet communiste d’aujourd’hui. Pas simplement lutter contre la professionnalisation mais retrouver dans les circonstances d’aujourd’hui l’équivalent (pas la résurrection) de ce que le parti avait réussit avec les « dirigeant ouvrier » mis en place à partir des années 30.

Et le programme de « La pratique du dialogue, du respect du militant, la fin de la langue de bois, l’introduction de valeurs comme la joie, l’amour, (bref, des valeurs éminemment hédonistes), pas seulement sur le fond, mais surtout pour guider nos pratiques… » est en effet un objectif crucial (et qui fait le lien je crois entre la recherche du collectif et le respect des acquis en matière de liberté de l’individu…) Par contre je ne suis pas sur que l’Amour soit une valeur seulement hédoniste : cela a aussi à voir avec le dépassement de sois, le sacrifice etc…l’amour ce n’est pas qu’une partie de plaisir…)

Enfin l’aspect « marketing » sans être négligeable, ne peut trouver qu’une efficacité, même séductrice, dans une solide assurance de ce que nous sommes, ce que nous voulons et ou nous allons… bref un très vaste programme de refondation…

2 Ensuite il y a dans ces propositions un manque regrettable de prise en compte de la dimension internationale des enjeux de refondation

La question politique de l’immigration est pointée avec raison . Mais comment traiter cette question sans réflexion sur les mouvements internationaux dans lesquels s’inscrivent les mouvements de population ?

De même on ne peut négliger dans la construction de clivage et dans les processus d’alliance entre force politique que la question de la guerre joue un rôle central.

Plus globalement quant je parle de prise en compte de la dimension internationale il ne s’agit pas simplement de l'exercice de la solidarité internationale mais de co-construction autour d’objectifs communs. Pour prendre un exemple celui du SMIC européen (sans faire d’économisme) on ne peut fixer un SMIC européen unique pour tous, mais un processus de rattrapage à partir d’objectifs et de critères sociaux.

A contrario je ne crois pas du tout à la fuite en avant de certains partis de gauches en Europe qui ont tendance à faire croire que les problèmes que nous rencontrons au niveau national trouveraient presque spontanément leur solution au niveau européen… l’addition de toutes nos misères politique ne fait pas une richesse commune…

Bon je n’ai pas trop le temps de développer plus (ni de mettre toutes mes idées au clair, si cela même était possible…)

La suite au prochain épisode...

2 commentaires:

Osemy a dit…

Tu as raison, il manque notamment, une référence à la nécessité de repenser une politique internationale, voire même , soyons fous, un internationalisme peut être? Mais comme je l'ai écrit, je n'ai pas pensé tout en écrivant ce tetxe et je suis heureuse que tu l'aies repris et critiqué (parfois vertement - ou rougement plutôt;-))

La meilleure pensée, sans doute, est collective ( dans la mesure où la recherche du consensus, ou plutôt la recherche de l'expression la plus précise de la pensée commune,ne transforme pas une belle aventure en bouillie pour chats, ou chiens..). J'apprécie le travail d'équipe et vive la confrontation.
Nous aurons plus que l'occasion de reparler de tout cela!
Ciao

@Caius a dit…

Chère Osémy
Merci de ton message... comme tu as vu mon texte ici reprend en gros la réponse que j'avais faites à ton message d'origine... (en fait ce blog existe et s'enrichit beaucoup grâce au tient). J'ai un peu de mal en terme de production à suivre ton rythme d'enfer mais c'est plus confortable de réagir ;-)

Mais comment régler en quelques messages une discussion sur le communisme du 21ème siècle...