vendredi 13 juillet 2007

Cold case : Affaires classées

Cet été, comme l'an dernier France 2 diffuse chaque mercredi soir 1 ou 2 épisodes de la troisième saison et quelques épisodes des deux premières saisons de cette magnifique série télé.

Depuis quelques années la télévision américaine, et pas seulement des réseaux cablés comme HBO, produisent des séries qui démontrent la créativité, l'audace, le sens artistique des créateurs américains, bien supérieurs à celles qui peuvent s'exprimer par exemple dans le cinéma hollywoodien. Et qui fait sentir l'indigence abyssale de la fiction télévisuelle en France. (Mais ne croyez pas que je sois un inconditionnel des séries américaines, dans lesquelles il y a du très bon et du très mauvais)

Presque toujours dans Cold Case, il est question de secrets de famille, d’une personnalité inadaptée à son milieu ou à son époque, d’amours contrariées, et d’une fin violente qui, si elle n’est généralement pas préméditée, semble aussi absurde qu'inévitable. Le tout avec une bande son fabuleuse, qui reprend des standards de l'époque du meurtre non élucidé. Et ce n'est pas une simple illustration sonore mais la musique constitue souvent un élément dramatique essentiel de chaque épisode.

Dans l'excellente production américaine, Cold case occupe à mon gout une place particulière. Non pas que sa forme soit particulièrement innovante (comme 24H par exemple). Que les acteurs (excellents au demeurant) soient particulièrement originaux, que leur personnage (très bien écrit) soit spécialement complexes.

Non cette série touche parce qu'en interrogeant le passé elle revisite l'histoire de l'Amérique et le plus souvent non pas l'histoire glorieuses des "gagnants", mais celle des victimes du système.
de ceux qui étaient trop marginaux ou trop en avance... qu'il s'agisse du meurtre d'une lesbienne au moment de la prohibition, des militants anti avortement dans les années 60 (L’Indic "Volunteers") , une femme qui s'émancipe par le travail en usine durant la 2ème guerre mondiale (Ouvrières de guerre- "Factory Girls"), sur les conséquence de la vente libre des armes (De mains en mains - « Time to Crime ») etc.

Cette série touche aussi parce qu'elle abordent les problème sociaux, les problèmes de classes avec une franchise impensable à la télévision française .
Dans quelle série le marcatysme est il abordé par l'enquête sur le meurtre d'un "communiste"(Chasse aux sorcières ou « Red Glare ») ou l'on voit comment le « système » pouvait alors broyer des individus, et que le seul crime de ces supposés « communistes » était, souvent, leur courage.

Comment ne pas se rappeler le cinema social des années 30 avec un épisode comme la manufacture (Kensington) dont voici un résumé pris sur le site de Martin Winckler : "La fin de la classe ouvrière. Quartier ouvrier de Philadelphie, 1985. Une manufacture ferme ses portes, laissant sur le carreau ses travailleurs. Cet épisode rend hommage aux victimes de la désindustrialisation, et montre que les solidarités et les amitiés les plus profondes ne résistent pas à la nécessité de s’en sortir. Le monde a changé, peut-être pas seulement en bien... La bande originale de Kensington est entièrement composée de chansons de John Cougar Mellencamp, songwriter engagé qui a notamment organisé en 1985 le concert Farm Aid, destiné à venir en aide aux agriculteurs américains surendettés."

Enfin pour se rendre compte de la qualité de la série un extrait de l'épisode Le cavalier noir "Strange fruit", dont voici le commentaire (toujours sur le site de Martin Winckler ) :
"Un des plus beaux épisodes de la série, sur un scénario de Veena Sud. De superbes flash-backs en noir et blanc pour décrire la société également « en noir et blanc » de l’Amérique de 1963. Une famille noire s’installe dans une banlieue résidentielle blanche et se heurte à un racisme profondément ancré dans les esprits. Cela se passait il y a 40 ans, aux Etats-Unis, et on ne peut que mesurer le chemin parcouru (même si tout est loin d’être parfait aujourd’hui).
Cet épisode rappelle les difficultés de la « déségrégation » entreprise dans les années 1960, et montre que le mouvement des « civil rights » mené par Martin Luther King n’a pas fait changer les mentalités en un jour. C’est aussi le portrait d’un jeune homme loyal, courageux, intelligent, mais malheureusement un peu trop en avance sur son époque. La scène finale, sur fond de « I have a dream » de Martin Luther King, risque fort de vous faire pleurer à chaudes larmes."

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