mardi 6 novembre 2007

Le décret qui tue les pauvres

A propos du décret "anti-Roumains" pris par le gouvernement Prodi (à faire pâlir Sarkozy) et le raz de marrée xénophobe qui submerge l'Italie : un éditorial de résistance de Valentino Parlato dans Il Manifesto du 6 novembre :

"Le décret anti-Roms s’il n’est pas fasciste, est certainement fascisant, et il ne peut pas être approuvé, ne devrait pas être approuvé, par les parlementaires du nouveau-né Parti démocratique et encore moins par les membres de Rifondazione, les verts et les communistes italiens. Il devrait être repoussé d’autant plus par les forces de centre-gauche et de gauche là où il y a approbation par la Casa delle libertà et de l'ex Mouvement social de Fini.
Affirmer, par la loi, que celui qui ne réussit pas à gagner son soi-disant "pain quotidien" doit être chassé et avec l’expulsion "forcée" il s’agit de rien moins que l'anticipation, nazi, de l’idée que les pauvres doivent être tués. La question est politique et même morale. Et notre pays fait mauvaise figure internationale. Hier tous les journaux d'Europe (mais leurs pays ne sont pas meilleurs que le nôtre) nous ont accusés d'être quelque peu sauvages et éloigné de la civilisation européenne.
Les journaux de ces pays mentent. Même ils sont plutôt comme nous. Toutefois le comportement de notre actuel gouvernement leur a données le droit de nous clouer au pilori. Au-delà de l’erreur de principe, de moralité politique, l'actuel gouvernement, les partis qui le soutiennent et, surtout, son ministre des intérieurs ont été maladroits, subalternes et masochistes. Tout ceci pour dire qu'un pays sérieux répond aux défis qui l'investissent et non pas se soumet à eux. D’autant que notre pays a été un pays de grande émigration et devrait se rappeler que, aux Etats-Unis, les Siciliens furent considérés pire que des Roumains et des Roms. Toutefois, si je ne me trompe pas, les Etats Unis ne firent jamais une loi pour l’expulsion forcée des Siciliens et des Italiens. Certes, l'Italie aujourd'hui est un pays divisé entre les déçus des espoirs de renouvèlement socialiste et les traditions, historiquement réactionnaires, qui ont toujours accompagné notre histoire nationale.
L'affaire des Roumains et des Roms et du décret d’expulsion des étrangers, même européens, est le terrain de comparaison entre la civilisation et la réaction troglodyte, je ne dis pas entre la gauche et la droite dans une normale comparaison démocratique. Je ne dis pas que nous en serions à la "défense de la race" (de terrible mémoire), mais nous en sommes à l'exaltation de l’égoïsme de groupe ou de famille. Demain, ou quelque jours après, nous verrons ce qui arrivera.
Sans aucun doute, si ces forces qui se disent encore
de gauche et pas seulement démocratiques laissent la voie libre à ce décret, cela sera un terrible pas en arrière de notre civilisation. Si les forces de gauche, qu'on dit encore de gauche, laisse la voie libre à ce décret qui tue les immigrés, il voudra dire que nous en sommes à une crise de la démocratie italienne, que nous en sommes à un fascisme de substance même s’il n’est pas proclamé.
On m'objecte : mais si les forces de gauche votent contre le gouvernement, Prodi pourrait tomber et cela ouvrirait la voie au retour de Berlusconi. Ce risque existe, mais peut-être est-il
préférable d’assister au retour de Berlusconi qu’à notre propre berlusconisation."

Traduction de l'italien : Caius Gracchus

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