mercredi 6 février 2008

Liquidation...

Giorgio Napolitano, le président de la République italienne, a du s’y résoudre : ses compatriotes vont retourner aux urnes en avril. Et se profile une victoire de la droite conduite par Silvio Berlusconi. Ce ne sont pas les sondages (très mauvais pour le centre gauche), le bilan catastrophique du gouvernement Prodi (d’un point de vue de gauche… la commission européenne était très satisfaite…) qui rendent cette perspective certaine. Non, la victoire de la droite est déjà acquise du fait de la décision du Parti Démocrate de partir seul aux élections, c'est-à-dire sans les verts, les communistes, les démocrates de gauches, et sans les petits partis socialistes et centristes. L’arrogance avec laquelle le nouveau parti traitait ses partenaires gouvernementaux, qui ne sont pas que des groupuscules, avait sans doute déjà précipité la chute de Romano Prodi, elle rend toute perspective de barrer la route à Berlusconi improbable.

Le projet du parti Démocrate est un projet d’éradication de la gauche. Et toutes les tentatives de constitution d'un gouvernement "technique" et de préalable du changement de loi électorale avant de nouvelles élections, était un des éléments majeur de cet objectif. Cette perspective s'appuyait sur l'organisation, prévu originellement en avril mai, d'un référendum "d'initiative populaire" réformant la loi électorale : cela aurait permis d'instaurer un système encore plus anti-démocratique que celui mis en place par Mussolini : avec moins de 30% des voix (les sondages donnent 28% à Berlusconi et 27% au PD) le parti arrivé en tête remporte la majorité et gagne seul. Il s’agit bien d’une machine à éradiquer les petits partis et en particuliers les communistes (Mais aussi les verts, les centristes, et les socialistes…)

L’autre nouvelle, qui n’est pas secondaire, c'est que va peut être disparaitre, pour la première fois à des élections depuis la Libération, le symbole de la faucille et du marteau au profit d'un symbole unique sous lequel se présenterait devant les électeurs les composantes de la nouvelle "Gauche Arc en Ciel". Et les dirigeants du PRC annoncent même la constitution d'un nouveau sujet politique autour de la Cosa rossa, de la gauche Arc en Ciel, dépassant les organisations singulières. Une remise des cartes de la nouvelle organisation pourrait, selon les déclaration du bientôt ex président de la chambre Fausto Bertinotti, commencer rapidement . Pietro Follena, leader de la gauche européenne, a lancé avec 70 associations et réseaux locaux, une série d'initiatives avec comme point fort une campagne de remise des cartes "Nous lançons la remise des cartes d'un parti qui n'existe pas encore, nous allons de l'avant..." a déclaré Follena qui lance un premier rendez de cette campagne dimanche prochain à Rome place Campo di Fiori.

La recomposition s'accère donc avec l'approche des élections anticipées. Mais cette nouvelle organisation, qu'on décrit emphatiquement émergeant de la base et si démocratique, commence en fait par un véritable coup d'état au sein de sa principale composante, Rifondazione Comunista. Hors de toute norme statutaire, le secrétariat du parti, après avoir déjà renvoyé le congrès prévu début 2008, décide de la dissolution de fait du PRC dans la nouvelle organisation. Plus grave sans doute encore, se profile, de manière encore plus radicale que lors de la disparition du PCI, la disparition de toute organisation communiste autonome...

On comprend la révolte de nombreux communistes (aux PDCI, l'autre parti communiste, la perspective de disparition de la référence communiste ne passe pas non plus facilement...). Arriveront-il à permettre le maintient d'un courant communiste autonome en Italie? C'est, sans doute, plus que le retour annoncé de la droite au pouvoir, ce qui doit interroger les progressistes, pas seulement en Italie, ceux qui pensent qu'un au delà le capitalisme est possible.

Caius Gracchus

Illustration : symbole électorale du PSI en 1946... comme quoi la faucille et le marteau ne sont pas des symboles du seul courant communiste...

2 commentaires:

SAd___ a dit…

Merci Caius pour ce point de vu !
Mais n'est-il pas un peut pessimiste ?
D'ici (de Lyon !), je vois plutôt les masques qui tombent et la route même sinueuse paradoxalement se dégager !

Que le parti démocrate aille seul et expose ainsi à tous son ambition, n'est pas pour déplaire.
Charge aux autres et notamment aux communistes de créer la coalition (l'expression "Front" a ma préférence), qui réponde aux besoins des gens (en Italie et dans toute l'Europe en faite).

Pour que ce Front ait toute ses chances il faut bien plus qu'un "courant" communiste, il faut une force autonome communiste.
Pour Refondazione, je crois qu'il y a un bilan a tirer une identité à défendre et un devenir à reconstruire, loin des caida et des personnalités médiatico politique, et profondément radicalement populaire !

Une page se tourne, le rideau se lève sur quelque chose qui n'est rien d'autre qu'un champ de ruine, celle des illusions et des tromperies, la vérité est rouge, elle a un nom, elle s'appelle "Communiste" !

Fraternellement

@Caius a dit…

Merci Sad pour ce commentaire.

Pessimisme, à court terme, certainement.
Bien sur, on peut de manière intellectuel se réjouir que les "masques tombent", malheureusement on ne peut jamais se réjouir d'une victoire annoncée de la droite (et quelle droite!) et surtout, en tombant, le masque entraine une partie du visage et laisse les chairs à vifs (si je peux me permettre cette image un peu audacieuse). Et si le principal parti de centre gauche, un peu à l'image du spd en allemagne, décide de couper tout rapport avec les courants transformateurs, la rupture en soit est déjà négative et entraine un glissement à droite du champ politique...

Alors Pessimisme de la raison, mais optimisme de l'action comme disait Gramsci ;)