samedi 7 juin 2008

Qu'il jette la première pierre...

Le Parlement italien débat actuellement de mesures qui conduiraient de fait à réintroduire deux mesures chères à l'époque Mussolinienne, la criminalisation des prostituées ( et le recours aux maisons closes) et l'assignation à résidence, le "confino" que nous connaissons, entre autre, par les pages mémorables de Carlo Levi dans Le Christ s'est arrêté à Eboli.

Article de Il Manifesto du 06 juin 2008 traduit par L. A.

"Les prostituées? Des délinquantes habituelles" Flavia Amabile

ROME – bientôt le prostituées pourraient ne plus “travailler” dans la rue car elles aussi sont dangereuses pour la sécurité et la moralité publique.

Elles pourraient être éloignées si elle ne résident pas là où elles seraient arrêtées par les forces de l’ordre. Par cet amendement les rapporteurs du décret sur la sécurité ouvrent la voie à la chasse aux prostituées en les insérant dans la liste des sujets dangereux. La proposition de modification présentée par les rapporteurs du décret – les présidents des commissions Justice et Affaires Constitutionnelles du Sénat, Filippo Borselli et Carlo Vizzini- prévoit que dans la loi 1423 de 1956 sur les "mesures de prévention contre les personnes dangereuses pour la sécurité et la moralité publique” soit insérée aussi la catégorie des prostituées aux côté de celles des oisifs et des vagabonds; de ceux qui pratiquent des trafics illicites , des délinquants habituels ; des exploiteurs des prostituées et des mineurs, des trafiquants de drogue..

L’Italie vise donc à se rapprocher à d’autres pays européens plutôt sévères dans la réglementation du commerce du sexe comme la Suède ( où le client arrêté en flagrant délit est puni aussi ), l’Irlande et la Belgique. Il y à dix jours Daniela Santanchè (du parti Destra ndt) avait soulevé le problème en annonçant un référendum. Depuis une enquête du groupe “Abele” du Père Ciotti étaient arrivées ces chiffres : chaque années 70.000 femme se prostituent quotidiennement sur les voies publiques italiennes, soit 65% du chiffre global. Les 35% restantes exercent dans des maisons ou des lieux privées.

Le débat politique sur ce thème a duré plusieurs jours jusqu’à la proposition de cette mesure. Dans l’amendement on peut lire que doit être considéré comme un sujet dangereux qui vit “ du fruit de sa propre prostitution et est arrêté dans l’exercice manifeste de cette activité”.

Les “sujets dangereux”, selon la loi en vigueur, peuvent être mis en demeure par le Préfet, éloignés par mesure obligatoire et interdits de retour pour une période maximale de trois ans. Pour les désobéissants ce sera la prison jusqu’à six mois d’incarcération. Dans le verdict de condamnation il peut être décidé qu’une fois la peine acquittée le “contrevenant” devra être reconduit à son lieu de résidence. Si, malgré ces dispositions, le sujet dangereux ne se ravise pas en changeant de conduite, sera mise en place une surveillance spéciale accompagnée, le cas échéant, par l’interdiction de séjour dans un ou plusieurs communes ou provinces, jusqu'à l'obligation de résidence dans une commune. Cette mesure de prévention devra être décidée par le juge et ne pourra être inférieure à un an et supérieure à cinq. La question de la prostitution a été affrontée dans le décret sécurité qui introduit le délit de clandestinité sur lequel une discussion a lieu entre ceux qui sont les plus proches de la ligne dure de la Ligue du Nord et qui s’aligne sur les positions du Vatican. Un compromis pourrait être l'adoption de la proposition du Ministre de la Defense Ignazio La Russa: prévoir le délit de clandestinité, comme mesure de dissuasion, et puis au lieu de la prison procéder à l'expulsion immédiate. Ou bien pourrait être adoptée la proposition du députat du PDL ( Pôle des Libertés ndt) Niccolò Ghedini, qui voudrait introduire la question de "la dangerosité du clandestin comme élément objectif".


Illustration : Georges de La Tour (1593-1652) "Madeleine pénitente" New York, Metropolitan museum of art

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