vendredi 3 octobre 2008

Tabassé et "marqué"

Traîné, arrêté, passé à tabac ; puis dénudé et humilié une fois arrivée au siège de la police municipale. Dépossédé aussi de ses droits, comme celui de passer un coup de téléphone chez lui. Et même dénigré: une fois relâché, sur l'enveloppe qui contenait le procès- verbal des charges qui lui étaient adressées (une enveloppe officielle de l a Commune de Parme, avec l'emblème de la ville) pas de nom ni de prénom mais la mention "Emmanuel, nègre", comme si la couleur de sa peau n'était pas un fait naturel mais un honte. D’ailleurs "nègre de merde " atteint désormais des sommets dans la hit parade de l'injure les plus utilisée en Italie ; Il est suivie de près par "sale juif"; stable : le débonnaire "arabe terroriste"; chute : l'ancien "cul terreux(même s’il reste en tête au Nord). Et, dans un pays où il n'y a même pas un mois, à Milan, un jeune de 9 ans (un italien mais de couleur) a été massacré à coup de barres de fer parce que soupçonné d'avoir volé un paquet de gâteaux, cela n'étonne pas (et peut -être ne suscite même plus l'indignation) que ces expressions soient utilisées par des officiers dans l'exercice de leurs fonctions.
Bonsu Emmanuel Foster, pendant qu'il raconte sa mésaventure aux cameras du siteRepubblica.it de Parme, il n'arrive pas à garder son oeil droit ouvert, encore gonflé par le passage à tabac. Mince, à peine au-dessus du mètre soixante , Emmanuel est un jeune immigré du Ghana de vingt-deux ans(précisons qu'il est régulier, au cas où cela intéresserait quelqu’un et si le fait d'être régulier ou irrégulier peut changer quelque chose à un épisode comme celui-ci). Lundi après-midi, peu après 18 heures, il allait à l'école (il fréquente un institut technique du soir). En avance sur le début des cours, après avoir déposé son cartable avec ses papiers à l'intérieur de la salle de classe, il décide de se balader dans le parc ex Eridania en face de l'institut. Il est 18h25. Emmanuel remarque derrière lui deux hommes qui parlent avec leurs portable et un troisième qui s'approche. Tout d'un coup, et sans s'identifier, dit le jeune homme, celui-ci lui bloque ses mains, rejoint par les deux autres qui l'encerclent. A ce moment Emmanuel se débat et commence à vouloir s'enfuir, ils le rattrapent et le jettent à terre. "Ils m'ont mis un pied sur la tête - dit-il- et il ont commencé à me frapper. Puis ils m'ont menotté, l'un d'entre eux m'a donné un coup de poing. Il dit qu'il l'on frappé avec des matraques " peut-être des bouteilles d'eau". Certainement ils lui ont fait mal. Le passage à tabac continue dans la voiture de service qui le transporte au siège des vigiles urbains. Les phrases racistes fusent : "Nègre", "Calme-toi nègre ». Une fois arrivées au siège de via del Taglio - Celui-là même où, à la mi-août, une prostituée nigérienne avait été abandonnée pendant des heures, évanouies dans sa cellule - les agents continuent leur "show" très personnel. Entre temps arrive la justification de l'arrestation : arrêté parce qu'il s’enfuyait. Etant donné que personne ne s'était identifié comme policier, il semble tout à fait légitime que le jeune homme ait eu peur et ait tenté de s'enfuir. Conduit en cellule, ils l'obligent à se déshabiller. Une fois totalement nu, ils le font "défiler hors et dans la cellule. "J’avais peur - dit il- ils voulaient m'obliger à signer des documents mais je m'y suis opposé. J'ai demandé d'appeler chez moi, ils m'ont dit que je ne pouvais pas si je ne signais pas d'abord. Il lui montrent un morceau de "shit», ils lui disent "nègre, nous l'avons trouvé dans ta poche" ; ils affirment que l'autre détenu dans la cellule a avoué sa complicité. Emmanuel insiste, il dit qu'il ne le connait même pas, puis il cède et signe les papiers. Il est environs 22 heures quand les agents appellent les parents du jeune homme. Son père Alex, ouvrier métallurgiste, est en Italie depuis 1995 ; vers 23 heures il arrive au commissariat avec son épouse. Dès qu'il voit son fils mal en point, il demande des explications aux policiers. "Il est tombé", répondent-ils. Le père furieux, demande à son fils s'ils l'ont frappé. "Il m'a juste répondu oui", dit-il. Puis ils le relâchent. A son père ils donnent enveloppe avec le procès-verbal avec la mention,"Emmanuel négre". Le jeune homme se rend aux urgences : on y constate un hématome et une blessure à la main. Il boite. Hier matin, Emmanuel se présente à la caserne des carabiniers pour porter plainte.
L'office national contre les discriminations a ouvert une enquête pour faire la lumière sur les faits. La Commune en diligente une en interne. La commandante des vigiles, Emma Monguidi, dément les accusations ; elle affirme que "deux agents ont également été blessés" ; des phrases racistes, on ne veut même pas en entendre parler. Le vaillant maire adjoint à la sécurité, Constantino Monteverdi, assure qu'il "ira jusqu'au bout". En attendant dans le doute, il parle d'une arrestation "plutôt mouvementée et qui a blessé deux agents" vraisemblablement " de la part du jeune homme. Vraisemblablement.

Article de Alessandro Braga pour Il Manifesto 1 octobre 2008 Traduit par L. A. pour Le grand Soir

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tous ensemble et en même temps !

2ème Conférence Nationale du Prcf
les 25 et 26 octobre 2008 à Paris (adresse à définir)

un socialisme original et inédit pour la France

l'affiche de l'événement :
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