samedi 6 décembre 2008

J'achève en ce jour ma trente-sixième année par Lord Byron



Il est temps pour ce coeur de cesser d'être ému
S'il lui est désormais refusé d'émouvoir.
Pourtant, si je ne suis plus l'aimé,
Que j'aime encore !

Mes jours ont leur feuillage jauni,
Fleurs et fruits de l'amour ont passé;
Le ver, le chancre et la douleur
Sont pour moi seul !

Il a, ce feu qui ronge ma poitrine,
L' isolement d'une île volcanique;
Nulle torche ne s'allume à sa flamme
Bûcher funéraire !

L'espoir, la peur, le souci jaloux,
La part enivrante des peines
Et du pouvoir de l'amour me fuient,
Je garde les chaînes !

Mais ce n'est pas le lieu ni le moment
Que des pensées de la sorte m'assaillent
Quand la Gloire orne la bière
Ou ceint le front !

L'épée, l'étendard, et le champ de bataille,
La Gloire et la Grèce les voient autour de nous !
Étendu sur son bouclier, le Spartiate
Ne fut pas plus libre !

Un sursaut ( non de la Grèce, elle est debout !)
Un sursaut, oh mon âme ! Songe en qui
Ton flux vivant reconnaît sa source natale
Et n'hésite plus!

Étouffe en toi ces passions renaissantes,
Homme indigne. Que te laissent
Indifférent et le sourire et le dédain
De la Beauté!

Si tu as regret de ta jeunesse, à quoi bon vivre?
Le lieu de la mort valeureuse
Est ici. Au combat! Viens offrir
Ton dernier souffle!

Recherche, plus souvent rencontrée que voulue,
La tombe d'un guerrier; elle te convient.
Regarde alentour, choisis bien le terrain,
Et gagne ton repos !

Illustration : ODEVAERE, Joseph-Denis Lord Byron sur son lit de mort (v 1826) Groeninge Museum, Bruges

2 commentaires:

SAd___ a dit…

Je le relis toujours avec une émotion nouvelle ;-)

@Caius a dit…

eh oui... mais il s'agit bien de la première publication sur mon blog ;)
Petite précision : la traduction française est de Michel Charlot