Quand Nicolas Sarkozy s’est lancé dans ce qu’il est convenu d’appeler la “réforme” des Universités, il a bien évidemment choisi de reprendre la méthode qui lui était déjà familière et qui avait fait ses preuves en termes de capacité de nuisance, de négation de la démocratie et de piétinement du pacte social.
Assisté d’une Dame Pécresse que sa totale méconnaissance du monde de la recherche et de l’enseignement supérieure qualifiait plus que tout autre pour cette tâche, Notre Président n’a donc pas montré la moindre hésitation.
Pour “réformer”, il fallait tout d’abord n’engager aucune consultation et s’empresser d’oublier ceux qui font tourner la boutique. Car dans ce pays, on ne “réforme” par une institution, on “réforme” contre elle.
Ensuite, il fallait désinformer. Pour salir. Salir l’institution elle-même, salir ceux qui y travaillent, salir ceux qui y étudient et s’y forment. On parviendrait ainsi à mettre en place l’unique levier de gouvernement employé dans ce pays depuis le grand malheur de mai 2007: désigner une catégorie de la population à la vindicte du bon peuple, lancer quelques sondages aux questions convenablement orientées et utiliser les beuglements des micros-trottoirs pour justifier la suppression, au choix, des archaïsmes, des privilèges, du bouclier fiscal, des rigidités, des paresses, des incompétences, des inutilités, des gaspillages…
Les chercheurs et les enseignants-chercheurs ont ainsi fourni une cible de choix. Paresseux, incompétents, semi-idiots, gauchistes, ils ne refusent évidemment la “réforme” que par pur corporatisme, par pur intérêt de classe, c’est un vrai scandale, voyez vous ça mère Michu, tout ce rebut de gauchistes pervers, qui ont le front d’être plus diplômés que vous et moi, et qu’on paie à ne rien faire…
On pouvait faire confiance au Grand Café du Commerce français pour répercuter cette vision fine et mesurée. Cracher sur les profs tout en en se tapant sur les cuisses, entre deux renvois biereux, trois invectives contre les sans-papiers et quatre déclarations définitives sur la crise et le PSG, voilà qui est plutôt en phase avec le niveau de subtilité philosophique et politique dans lequel plus d’une décennie de ramollissement chiraquien a fait tomber ce pays. Tendez le petit bout de la lorgnette à la France, elle se hâtera d’y regarder…
La où la gêne devient réelle, c’est quand un journal qui se prétend “de référence” oublie que le journalisme consiste à aller enquêter pour éclairer ses lecteurs et en vient à considérer qu’informer équivaut à étudier le réel pour y découvrir, à la surprise de tous, la confirmation de la vision officielle et gouvernementale.
Dans un article navrant publié dans Le Monde daté d’aujourd’hui et intitulé “Les facs mobilisées voient leur image se dégrader“, trois journalistes (Christian Bonrepaux, Benoît Floc’h et Catherine Rollot) présentent ce qu’ils appellent une “enquête” menée dans trois facs mobilisées, Montpellier III, Rennes II et Toulouse-Le Mirail.
Lire lasuite de l'article sur leblog : Le grand Barnum
3 commentaires:
Ce n'est pas très gentil pour les travailleurs fréquentant les bars locaux, qui supportent le PSG et qui osent parler parfois de la crise...
Mais ils s'en remettront.
Il est vrai que cette figure anti populaire est assez malheureuse d'un point vue de classe (mais je soupçonne l'auteur de cet article, par ailleurs excellent, d'avoir quelques tendances radical chic... Le public auquel s'adresse Sarkozy, plutôt que le populo, est bien celui de la petite bourgeoisie artisanale ou commerçante...
Par ailleurs, cher Stoni, je trouve ton site tout à fait recommandable (ne serais tu par l'illustrateur du site de lyon 7?)
Tu sais, je crains que malheureusement si les gens "radicaux", chics ou pas, tiennent ce genre de propos dégradants, on ne pourra guère reprocher au populo de voter UMP.
ça me fout toujours assez mal à l'aise de lire des trucs pareils.
(Moi, un rapport avec PCF de la captale des gaules ? non aucun pourquoi ???
Aucun surtout si le blog de Stoni doit rester mon espace de liberté perso...)
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