jeudi 19 juin 2008

A feu et à sang - Roms, immigrants et ouvriers en Italie

Voici un article fort intéressant publié par le réseau Terra sur la situation italienne :

A feu et à sang - Roms, immigrants et ouvriers en Italie: "Nous étions au milieu des années 90 et Massimo d’Alema leader du PDS (Partito dei democratici di Sinistra) voulait que l’Italie devienne « un pays normal ». Mais les monceaux d’ordures qui brûlent dans les rues de Naples ne font pas un pays normal. Alors faut-il ce rite sacrificiel par le feu, incendier les camps des nomades, pour effacer la honte et la souillure ?

Les napolitains des quartiers périphériques, les plus pauvres parmi les pauvres, sont abandonnés au milieu des ordures, traités comme des ordures. Livrés à la Camorra par un pouvoir politique qui s’acharne à construire des incinérateurs géants et polluants aux côtés des centres habités. C’est vrai » a affirmé M De Gennaro « l’incinération produit des déchets toxiques » Le « commissaire aux ordures » nommé par le gouvernement pour faire face à la crise a avoué ce que les habitants proches des décharges ne cessent de proclamer. Les maladies, notamment les cancers ont augmenté de façon préoccupante à proximité des décharges contestées. Mais qui se soucie de la santé de ces habitants des quartiers populaires, déjà accablés par le taux de chômage le plus élevé de la péninsule ? Les beaux quartiers du Vomero, de Posillipo ne sont étrangement pas envahis par les ordures alors, pourquoi s’en préoccuper ?
Explosions de violence à Naples et à Rome
C’est dans ce contexte tendu que le 15 mai , après qu’une jeune rom de 16 ans ait été soupçonnée de l’enlèvement d’un enfant, des habitants de Ponticelli (banlieue de Naples) se sont livrés à de véritables pogroms contre des camps nomades des environs. Quelques jours plus tard des évènements d’une grande violence ont touché toute la péninsule visant des nomades, des étrangers ou des sympathisants de gauche. Dans la seule ville de Rome une succession de violences néofascistes a sévi impunément : Le 24 mai un groupe d’hommes armés, visages masqués par des foulards à croix gammée, a fait irruption dans un quartier populaire de Rome et a saccagé magasins et devantures, frappé des immigrés du Bangladesh avec des barres de fer en hurlant des slogans racistes. Le soir même, à Rome toujours, le D.J d’une radio gay est passé à tabac. Deux jours plus tard des militants du groupe néonazi Forza Nuova attaquent deux militants de gauche avec des gourdins au sein de l‘université de Rome La Sapienza. Le 29 mai, un danseur albanais a été agresse et frappé par trois hommes qui avaient pénétrés dans son école de danse en le traitant « d’Albanais de merde ».
C’est l’horrible palmarès d’une semaine dans la capitale italienne. Le nouveau maire de Rome continue à minimiser et à parler d’actes isolés dépourvus de signification politique. Le même Gianni Alemanno vient de proposer de donner à une rue de la capitale le nom de Giorgio Almirante, fondateur du parti néofasciste MSI et ancien combattant de la RSI (République mussolinienne de Salo’). Il est évident que quelque chose de très grave se passe en Italie dont beaucoup ne mesurent pas l’ampleur. Le même Gianni Alemannno, qui avait fait campagne sur le thème de la sécurité a réussi un exploit : alors que voici deux mois l’ISTAT (Equivalent italien de l’INSEE) déclarait la capitale italienne comme une des villes les plus sûres d’Europe, depuis l’installation du nouveau maire la violence raciste et néofasciste est devenue incontrôlable.
Chronologie d’un désastre
Mais que c’est s’est-il donc passé et comment un pays qui a vécu l’émigration, le mépris et le racisme envers ses ressortissants peut-il tomber dans pareille sauvagerie ? Pour comprendre tout cela il est nécessaire de faire quelques retours en arrière. (...)"

Pour lire la suite de l'article "A feu et à sang - Roms, immigrants et ouvriers en Italie", TERRA-Ed., Coll. "Reflets", 2008 : http://terra.rezo.net/article701.html

Illustration : Hubert Robert (1733-1808) "L'incendie de Rome" Le Havre, Musée des beaux arts.

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