mardi 27 janvier 2009

Oradour sur Gaza


Les témoignages sur les massacres à Gaza, après le blocus de l'information réalisée par l'armée israélienne pendant l'agression, commencent à paraitre dans la presse.
Voici un extrait du blog du maire de Bagnolet, Marc Everbecq, qui était à Gaza ces jours-ci :

"[...]au hasard de notre rencontre, nous abordons un homme seul qui tourne autour de l’amas de béton que constitue sa maison détruite. L’homme s’appelle Khaled M’hammed Abd Rabo. Il nous parle. L’indicible est dans son regard. « Le 7 janvier, entre 12 heures et 13 heures trois chars israéliens se sont postés dans notre quartier. Ici nos maisons sont à découvert. Israël est proche. Il n’y a pas de Hamas ici. Nous sommes plutôt des communistes. Nous n’avons pas d’armes. Pas dans ce quartier. Un des trois chars est venu prendre position avec son canon juste en face de la porte d’entrée de la maison. Avec le mégaphone ils nous ont hurlé de sortir de la maison. Je vivais là avec ma femme, ma mère qui a soixante ans, et mes trois filles. Nous sommes sortis avec un drapeau blanc que nous avons confectionné avec un bout de tissu. En sortant, au bout d’un petit moment, nous avions en face de nous deux soldats qui étaient assis sur le char avec le canon pointé vers nous. Les deux soldats mangeaient des barres de chocolat et des chips. Ils ne nous ont rien dit. On est resté debout devant la maison comme cela pendant un bon moment. Et puis un troisième soldat est sorti du char avec un fusil mitrailleur et s’est mis à tirer sur les enfants. Ma fille de deux ans a été touchée. Elle gisait par terre avec le ventre ouvert. J’ai essayé de remettre ses entrailles à l’intérieur. Mais ils m’ont ordonné d’arrêter. Ensuite ils ont tiré sur ma deuxième fille de sept ans. Ma femme criait au secours. Elle hurlait partout. Et puis ils ont tiré sur elle à trois reprises. Ils ont tué aussi ma mère. Et enfin sur la troisième fille. Qui n’est pas morte. Son corps s’est comme plié en deux et comme si son dos s’était retrouvé devant. Les deux autres soldats continuaient pendant ce temps-là à manger des chips. Au bout de deux heures et demie, une ambulance du Croissant rouge est venue. Le char a tiré sur elle et est allé l’écraser en lui roulant dessus. A ce moment-là j’ai voulu mourir moi aussi. J’attendais qu’ils me tuent. Je les ai imploré de le faire. Ils m’ont répondu que maintenant je pouvais rester en vie. J’ai pris ma fille blessée et encore en vie dans mes bras. J’ai marché en direction de l’hôpital qui est à deux kilomètres. Un vieil homme sur une carriole tirée par un âne s’est arrêté pour me secourir et m’aider à transporter ma fille. Ils ont tiré sur le type en lui mettant une balle dans la tête. J’ai réussi à aller à l’hôpital. Ma troisième fille a ensuite été emmenée en Belgique. Les médecins ont dit qu’elle sera paralysée à vie. Voilà, moi mes enfants ils les ont abattus. Dites leur que c’est pas le Hamas ici. C’est des communistes. » Khaled nous conduit voir ce qu’il reste de l’ambulance complètement détruite. Des jeunes, venus écouter le témoignage, nous amènent des morceaux de phosphore. Nous ne les avions pas remarqués. En fait le sol est truffé de ces morceaux qui ressemblent à des petites pierres. Ils mettent un de ces morceaux dans une flamme pour nous montrer les qualités incendiaires du phosphore. Un feu très puissant et blanc qui dure plusieurs longues minutes. De quoi mettre le feu partout et tout brûler en un temps record. Des personnes comme Khaled il y en a plusieurs dans cette zone qui ressemble à l’enfer. Une équipe de M6 se trouve là. Nous lui indiquons la présence de Khaled qui vient de nous apporter son témoignage. Le lendemain, j’ai appris que M6 avait donné la parole à Khaled dans les informations du soir. Les journalistes étaient comme nous, saisis d’effroi. Dans ses situations nous ressentons un sentiment d’immense humiliation. On se sent soi-même touché. Notre part d’Humanité est souillée, violée, piétinée. On atteint ce qu’il y a de pire au fond de chaque être humain. Et puis immédiatement c’est le sentiment de colère et de révolte qui prend le dessus. Dans la délégation, quelqu’un a dit : « cela pourrait bien ressembler à Oradour-sur-Gaza. » [...]"

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce témoignage est tellement terrible qu'il ne peut être "commenté". IL fait réfléchir et il fait très mal.

@Caius a dit…

oui... j'en suis resté bouleversé aussi